À Viry-Châtillon et Grigny, une déclaration sur les droits des lacs et « les devoirs des humains envers eux »

L’association l’Alliance des lacs milite pour la défense de ce site naturel exceptionnel afin de préserver son écosystème et toutes les espèces qui en dépendent. Elle a rédigé samedi une déclaration visant à préserver cet « écosystème unique ».

L'association l'Alliance des lacs a rédigé, avec le programme Wild Legal, une déclaration des droits des lacs pour reconnaître les droits propres de ces écosystèmes et les préserver, ainsi que toutes les espèces qui en dépendent. (Archives 2022) LP/Nolwenn Cosson
L'association l'Alliance des lacs a rédigé, avec le programme Wild Legal, une déclaration des droits des lacs pour reconnaître les droits propres de ces écosystèmes et les préserver, ainsi que toutes les espèces qui en dépendent. (Archives 2022) LP/Nolwenn Cosson

    Lieu de promenade, de course à pied, de pique-nique, de pêche… Les lacs à cheval entre Grigny et Viry-Châtillon sont un écrin de nature de 100 ha très prisé des riverains et bien au-delà, car il s’agit d’un des plus grands plans d’eau d’Île-de-France. Certains veulent aller encore plus loin, en leur octroyant « un droit légal d’exister ».

    Ce samedi après-midi, l’association l’Alliance des lacs, cofondée entre autres par Aurélien Péroumal, élu d’opposition à Viry-Châtillon, a rédigé la déclaration des droits des lacs avec l’aide de Wild Legal. Ce programme annuel de transition écologique par le droit vise à promouvoir l’étude, la pratique et le progrès du droit de l’environnement à la lumière de la doctrine juridique des Droits de la Nature.

    Une « mue juridique » amorcée

    « Partout dans le monde, de la Nouvelle-Zélande aux États-Unis en passant par la Colombie ou l’Espagne, des États, des collectivités, des associations ou des citoyens s’engagent pour reconnaître des droits aux écosystèmes aquatiques et ainsi les protéger face à la crise écologique, indiquent les membres de l’Alliance des lacs. Cette mue juridique est nécessaire en France. »

    Elle est d’ailleurs en partie amorcée. En décembre 2022, un rapport de la Cour de cassation rendu par un groupe de travail présidé par le procureur général François Molins a présenté des propositions relatives au droit pénal de l’environnement.

    « Les êtres humains ont le devoir de ne pas polluer le lac »

    À Grigny ce samedi, ils étaient une dizaine à plancher sur la déclaration, inquiets de voir la situation des lacs se dégrader. « Droit au respect, droit d’exister et de prospérer, droit à l’eau comme source de vie… » Pour ces « gardiennes et gardiens du lac », ce type de plan d’eau constitue « un écosystème unique ».

    « Les êtres humains ont donc des devoirs envers lui, poursuit la déclaration dont chaque mot a été pesé. Celui de ne pas le polluer, de défendre ses intérêts, de préserver sa biodiversité »… Près de 300 personnes ont également signé une pétition sur GreenVoice pour « doter le lac d’un droit légal d’exister et de prospérer naturellement ».

    Grigny, le 11 novembre 2023. L'association l'Alliance des Lacs, aidée par le programme Wild Legal, a rédigé une déclaration des droits des droits des Lacs pour reconnaître aux lacs de Grigny-Viry des droits propres et préserver l'écosystème.
    Grigny, le 11 novembre 2023. L'association l'Alliance des Lacs, aidée par le programme Wild Legal, a rédigé une déclaration des droits des droits des Lacs pour reconnaître aux lacs de Grigny-Viry des droits propres et préserver l'écosystème.

    Une initiative associative que Philippe Rio juge « intéressante en ce qu’elle alerte sur la nécessité de faire évoluer le droit en matière écologique ». « Le combat sera long, poursuit le maire (PCF) de Grigny. Mais avec la prochaine signature du plan de gestion des lacs et la sortie prochaine de l’atlas communal de la biodiversité de Grigny, nous sommes sur une bonne dynamique pour améliorer la qualité de ce site. »

    En 2021, Grigny et Viry-Châtillon, ainsi que les agglomérations Grand Paris Sud et Grand-Orly Seine Bièvre, ont signé une convention de gestion partagée pour préserver et mettre en valeur cet espace naturel. « Nous bouclons bientôt un nouveau plan très ambitieux, assure Jean-Marie Vilain, le maire (Les Centristes) de Viry-Châtillon. Tous les gens qui s’inquiètent de la préservation des lacs sont les bienvenus. »

    L’association mène des actions de nettoyage, « auxquelles nous avons déjà participé », souligne l’élu. « Mais actuellement, aucune forme juridique ne tient la route, la déclaration n’a donc pas de valeur juridique. Je préfère me concentrer sur des actions concrètes », poursuit Jean-Marie Vilain, selon lequel « une réflexion est aussi menée avec le conseil départemental ».