Brétigny-sur-Orge : les premiers légumes de la Ferme de l’Envol sortent de terre

Trois ans après la signature du protocole entre Cœur d’Essonne agglomération et l’association Fermes d’avenir, les quatre nouveaux maraîchers récoltent leurs premiers fruits et légumes sur les 60 hectares de la Base 217.

 Brétigny-sur-Orge, vendredi 26 juin 2020. Les premiers légumes de la Ferme de l’Envol, installée sur l’ex base aérienne 217 à Brétigny-sur-Orge, sortent enfin de terre.
Brétigny-sur-Orge, vendredi 26 juin 2020. Les premiers légumes de la Ferme de l’Envol, installée sur l’ex base aérienne 217 à Brétigny-sur-Orge, sortent enfin de terre. LP/Nolwenn Cosson

    L'entrée se fait par un discret portail, caché derrière l'imposant entrepôt d'Amazon de Brétigny-sur-Orge. C'est là, à mille lieues du modèle économique du géant américain, que grandit, petit à petit, la Ferme de l'Envol. Sur les anciennes terres cultivées par l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), au sein de l'ex-base aérienne 217 - devenue La Base 217 - courgettes, concombres, melons ou encore basilic certifiés bios ont remplacé les champs de luzernes.

    Depuis près de deux ans, quatre agriculteurs ont décidé de relever un pari lancé par l'association Fermes d'avenir : répondre aux besoins des consommateurs au travers d'une ferme agroécologique, respectueuse de l'environnement et répondant aux enjeux d'autonomie alimentaire des territoires.

    Brétigny-sur-Orge, vendredi 26 juin 2020. Plusieurs serres ont été installées./LP/Nolwenn Cosson
    Brétigny-sur-Orge, vendredi 26 juin 2020. Plusieurs serres ont été installées./LP/Nolwenn Cosson LP/Nolwenn Cosson

    «Faire de l'innovation dans la tradition»

    « L'idée est de reprendre les techniques utilisées autrefois et de les remettre au goût du jour en les améliorant. Nous voulons faire de l'innovation dans la tradition », explique Paul Charlent, co-créateur de la Ferme de l'Envol.

    Sur 60 hectares aujourd'hui, près de 80 hectares dans les années à venir, maraîchage, culture céréalière et élevage se côtoieront. Une quinzaine de vaches laitières vivra sur place. Le tout dans un circuit autonome. « Les céréales permettront de fabriquer du pain. La paille servira au fourrage du bétail. Et la matière organique des animaux à nourrir les sols », détaille Paul Charlent.

    Reste la question de l'eau pour irriguer les cultures. Un problème d'autorisation de forage a retardé le développement du projet annoncé au départ pour être opérationnel en 2018. S'il doit être prochainement validé, les agriculteurs ont dû, en attendant, faire avec les moyens du bord en s'alimentant sur le réseau existant. Mais ils misent surtout sur un système de récupération des eaux de pluie. À proximité immédiate des serres, un bassin de rétention a été creusé. « Nous sommes en train de voir s'il serait possible de récupérer ce qui tombe sur le toit d'Amazon », indique le cofondateur.

    Brétigny-sur-Orge, vendredi 26 juin 2020. Pour irriguer les cultures, un bassin de rétention a été creusé pour récupérer l’eau de pluie./LP/Nolwenn Cosson
    Brétigny-sur-Orge, vendredi 26 juin 2020. Pour irriguer les cultures, un bassin de rétention a été creusé pour récupérer l’eau de pluie./LP/Nolwenn Cosson LP/Nolwenn Cosson

    Un système d'entraide entre professionnels

    Pour faire vivre cette ferme agroécologique, la Ferme de l'Envol est régie par une coopérative de production où sont associés les agriculteurs, l'agglomération Cœur d'Essonne - propriétaire de la Base 217 -, les partenaires financiers ainsi que les canaux de distribution (les Amaps, les restaurateurs comme le chef étoile du Septime, Bertrand Grébaut ou encore l'Alancienne, un service de livraison à domicile de produits bios et locaux sur Paris et les Hauts-de-Seine).

    Les agriculteurs, en tant que salarié entrepreneur, sont assurés de toucher chaque mois une rémunération de 2 500 euros. Et de pouvoir profiter de week-end et de cinq semaines de vacances. « À terme, nous espérons avoir entre 10 et 15 professionnels au sein de la ferme, poursuit-il. Avec la mise en place d'un principe d'entraide et d'alternance. Si l'un est malade ou doit s'absenter, un autre peut prendre la relève. Ils travaillent tous dans un même but. C'est un métier de passion que nous voulons rendre plus sexy afin de toucher plus de jeunes. »

    Des produits à déguster grâce aux Amaps

    Une expérience qui a séduit Eric Chatelet, qui exploitait jusque-là 3 hectares dans la commune voisine de Longpont-sur-Orge. « Sur une surface nettement plus grande, je vais pouvoir expérimenter de nouvelles choses, en alliant différentes cultures, se réjouit-il. C'est aussi une autre manière de travailler, en équipe ». C'est en partie cela qui a attiré Anaïs Droit. « C'est une aventure humaine, où l'on avance collectivement », ajoute la maraîchère.

    Depuis le début de l'année, les 400 adhérents de l'Amap Les Paniers de Longpont peuvent déguster le fruit des récoltes. Divisées en part égale, elles sont distribuées chaque semaine aux familles qui se sont engagées à l'année, pour un montant de 23 euros par panier. « Il y a une douzaine de légumes pour une moyenne de 10 kilos à chaque fois », indique Franck Genries, le président de l'association. Les légumes peuvent être aussi achetés grâce à la plateforme l'Alancienne (attention, elle ne livre pas en Essonne). Il faudra compter 2 euros pour un concombre bio, 4,80 euros pour une botte d'oignons blancs ou encore 2,50 euros le bouquet de basilics.