Essonne : ivre et drogué au volant, il avait tué ses deux amis sur l’A6

Le conducteur, âgé de 30 ans, a été condamné à quatre ans de prison dont un an avec sursis. Selon un expert, il roulait à plus de 170 km/h en rentrant de boîte de nuit.

 Illustration. L’accident a eu lieu sur l’autoroute A6 au petit matin.
Illustration. L’accident a eu lieu sur l’autoroute A6 au petit matin. LP/F.L.

    Le mot « lâcheté » est lâché par un des avocats des parties civiles. Il aura fallu attendre l'audience de ce jeudi pour que Thomas, 30 ans, accusé d'homicide involontaire par conducteur, reconnaisse enfin les faits.

    Ivre et drogué, il avait pris le volant en sortant de boîte de nuit le 21 mai 2017. Roulant à tombeau ouvert, il avait perdu le contrôle de son véhicule sur l'autoroute A6 à hauteur de Wissous dans le sens province Paris. Des faits pour lesquels le tribunal correctionnel d'Evry (Essonne) l'a condamné à quatre ans de prison dont un an avec sursis mise à l'épreuve avec obligation de soins, de travailler et d'indemniser les victimes. Son permis a été annulé avec interdiction de le repasser avant trois ans.

    Ce matin là, vers 6 heures, quatre amis rentrent du Métropolis à Rungis (Val-de-Marne). Ils y ont consommé beaucoup d'alcool, deux bouteilles de vodka, une de champagne, mais aussi de la cocaïne et du cannabis. En chemin, ils déposent une jeune femme. Cette dernière a témoigné du fait que le prévenu roulait vite et qu'en repartant, il avait fait crisser ses pneus.

    Il double à tombeau ouvert en faisant des appels de phares

    Sur l'A6, un conducteur raconte avoir vu arriver une Audi A3 dans son rétroviseur, sur la voie de gauche. « Il arrivait très vite en faisant des appels de phares, se souvient-il à l'audience. J'ai pris peur. Si je ne m'étais pas déporté rapidement, il m'aurait percuté. » L'automobiliste, qui roulait à 113 km/h, estime la vitesse du chauffard à au moins 160 km/h. L'expert l'a évaluée entre 170 et 190 km/h, au lieu des 110 km/h autorisés.

    L'Audi refait le même manège avec une autre voiture et force le passage sur la voie de gauche. Mais cette fois, elle heurte la glissière centrale, dérape et traverse les trois voies avant de se renverser sur le flanc gauche sur le bas-côté, encastrée dans un arbre.

    Cindy, 33 ans, et Adrien, 28 ans, décèdent sur le coup. Thomas a le pied coincé. Ses premiers mots aux secours sont pour dire que ce n'est pas lui qui conduisait. Un mensonge qu'il va soutenir tout au long de l'enquête, malgré les preuves s'accumulant à son encontre.

    Un mensonge qui n'a fait que rajouter de la peine à de la peine pour les familles des victimes. « Nous avons perdu notre fils. Comme si ça ne suffisait pas, nous avons subi pendant dix mois les mensonges de Thomas, déplore la mère d'Adrien. Cette rumeur s'est propagée dans tout Orly (Val-de-Marne). Ça a aiguisé la haine de certains. La tombe de notre fils a été dégradée à deux reprises. Et là, je n'ai pas entendu une seule parole de regret. » Qui plus est, en se rendant sur la tombe de Cindy, Thomas a croisé le père de cette dernière et a pleuré avec lui… sans lui révéler qui il était. « La famille s'est sentie abusée, violée », s'emporte leur avocat.

    « C'était l'euphorie de la soirée. Je me sentais apte à conduire »

    Interrogé sur son déni, le prévenu peine à s'expliquer devant le tribunal : « J'ai eu du mal à affronter la réalité. Je n'étais pas prêt à l'accepter. Aujourd'hui, j'ai fait un gros travail de psychologie ». Mais pourquoi a-t-il accepté de prendre le volant malgré l'alcool - 1,76 g/l de sang - et les stupéfiants qu'il avait consommés ? « C'était l'euphorie de la soirée. Je me sentais apte à conduire », explique-t-il.

    « On entend tous les jours des personnes qui se sentent aptes mais ne le sont pas. Alcool, stupéfiants et vitesse, énumère la substitut du procureur. Tous les voyants étaient au rouge. Cet accident, ce n'est pas de la malchance. C'est une succession de choix. Vous n'avez rien fait pour empêcher cette tragédie »

    A l'audience, Thomas a affirmé avoir arrêté de boire et de consommer de la cocaïne. Mais a reconnu continuer à fumer un joint de temps en temps. Son permis ne lui ayant pas été retiré dans l'attente du jugement, il a également reconduit « pour raison professionnelle ». « Les substances du cannabis restant dans le sang plusieurs jours, vous avez donc conduit sous l'emprise de stupéfiants, ce qui est illégal », lui a lancé indigné un avocat de la partie civile.