Ile-de-France : l’escroquerie aux palettes se chiffre à 400 000 euros

Cinq employés de Pomona, un grossiste installé à Chilly-Mazarin en Essonne et de ses sous-traitants sont soupçonnés d’avoir surfacturé des palettes et d’avoir empoché en liquide l’argent de leur revente. Ils ont été déférés et seront jugés pour escroquerie en bande organisée.

 Villeneuve-le-Roi, Chemin latéral. L’entrepôt où les palettes de la société Pomona étaient acheminées.
Villeneuve-le-Roi, Chemin latéral. L’entrepôt où les palettes de la société Pomona étaient acheminées. Google Street View

    Chaque semaine, depuis septembre 2017, le système était le même. Pour livrer de la nourriture froide, la société Pomona commandait des palettes de bois en grande quantité auprès de deux fournisseurs. Mais sur les 200 palettes qui figuraient sur le bon de commande, signé à Chilly-Mazarin (Essonne), il n'en arrivait que 120 sur les quais de l'entrepôt de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne).

    En mai 2019, Pomona s'inquiète du delta entre la quantité commandée et la marchandise réelle. L'entreprise dépose plainte au commissariat de Longjumeau. Les enquêteurs leur dévoilent l'ampleur du préjudice de l'escroquerie : près de 400 000 euros en deux ans. « On pense qu'une palette ne vaut pas grand chose, mais à grande échelle, les montants sont élevés », note une source proche de l'enquête.

    Une enquête de huit mois

    Deux salariés de Pomona, deux employés des fournisseurs et un livreur travaillant pour les deux parties sont soupçonnés par les enquêteurs. Pendant près de huit mois, ils mettent en place un système de surveillance pour déterminer les complicités internes.

    Le 9 décembre, les policiers interpellent en flagrant délit les employés suspects sur le quai de déchargement de Villeneuve-le-Roi. Les enquêteurs constatent que les deux salariés de Pomona reçoivent chaque semaine une enveloppe de la part du livreur pour leurs faux reçus. « Elles contenaient plusieurs centaines d'euros pour chacun », précise une source proche de l'enquête. Les palettes manquantes, elles, étaient réinjectées dans le marché.

    55 000 euros en liquide retrouvés chez un livreur

    Un business particulièrement lucratif qui n'étonne pas ce fournisseur de palettes de Ris-Orangis. « La palette se vend de 2 à 12 euros, mais pour certaines palettes cela peut grimper à 50 euros, le bois étant de plus en plus cher, explique Stéphane, de PMO Palettes. En revanche, revendre est plus compliqué. C'est comme pour la ferraille : lorsqu'on propose une grosse quantité de palettes, il faut montrer sa carte d'identité et prouver leur origine. »

    Les domiciles des mis en causes ont été perquisitionnés dans le Val-de-Marne et les Yvelines. Chez l'un des livreurs, près de 55 000 euros ont été retrouvés en liquide. 90 000 euros ont également été saisis sur les comptes bancaires des sous-traitants. Les cinq employés, âgés de 37 à 55 ans, sont inconnus de la justice. Les salariés de Pomona et le livreur ont reconnu les faits. Après avoir été déférés, les cinq mis en cause ont depuis été placés sous contrôle judiciaire en attente du 17 mars prochain, date à laquelle ils seront jugés pour escroquerie en bande organisée. Ils encourent 10 ans d'emprisonnement.