Privatisation d’ADP : un amendement pour protéger les riverains d’Orly

Dans le cadre de la 2e lecture de la loi Pacte à l’Assemblée, un amendement déposé par des députés (LREM) du Val-de-Marne et de l’Essonne vient d’être voté ce jeudi. Il inscrit dans la loi le couvre-feu et le plafonnement des vols annuels de l’aéroport.

 ORLY, illustration. Un amendement a inscrit dans la loi les mesures de protection des riverains de l’aéroport Paris-Orly, comme le plafonnement à 250 000 vols annuels et le couvre-feu de 23h30 à 6 heures.
ORLY, illustration. Un amendement a inscrit dans la loi les mesures de protection des riverains de l’aéroport Paris-Orly, comme le plafonnement à 250 000 vols annuels et le couvre-feu de 23h30 à 6 heures. LE PARISIEN.

    « De grandes avancées » pour la majorité, « on sauve les meubles » pour les associations de défense des riverains de l'aéroport Paris-Orly. Dans le cadre de la 2 e lecture de la loi Pacte démarrée mercredi à l'Assemblée nationale qui doit, entre autres, préparer le terrain pour la privatisation des Aéroports de Paris (ADP), un amendement déposé par trois députés (LREM) de l'Essonne et du Val-de-Marne vient d'être adopté ce jeudi après-midi. Il fixe dans la loi des mesures jusqu'ici réglementaires prises par un arrêté ministériel de 1994 : un nombre maximum de 250 000 créneaux de vols annuels et l'instauration d'un couvre-feu nocturne qui interdit les décollages et atterrissages entre 23h30 et 6h15.

    « Ces protections, acquises de haute lutte par les riverains, associations et élus, sont désormais sécurisées, se réjouit Amélie de Montchalin, députée de la 6e circonscription. C'est un amendement très important pour le territoire. Il garantit aux habitants autour d'Orly que la situation ne se dégradera pas, privatisation ou non. L'Etat se muscle dans son rôle de régulation. Par ailleurs, un autre amendement rendant obligatoire la participation aux fonds d'indemnisation et la consultation des riverains pour toute évolution des aéroports a aussi été adopté. »

    Pour convaincre le ministère de l'Économie, la députée, sa collègue Marie Guévenoux (9e circonscription) et leur homologue du Val-de-Marne Laurent Saint-Martin ont mené « de longues discussions ». Ils se félicitent donc de cette « prise en compte des inquiétudes légitimes des riverains ». Robin Reda, député (LR) de la 7e circonscription, regrette qu'il ait fallu « 19 mois pour que mes propositions de protection des riverains d'Orly soient reprises par le gouvernement ». Il se félicite « d'un retour à la raison », tout en regrettant « l'entêtement à privatiser une entreprise commerciale et stratégique dont les conséquences ne sont pour le moment pas toutes connues ».

    « On préférerait que la privatisation, catastrophe annoncé, ne se fasse pas »

    Gérard Bouthier, président de Drapo, un réseau d'associations qui défend 1,9 million d'habitants du sud francilien et qui a organisé une manifestation à Orly en février avec plus de 600 personnes, est plus que tiède par rapport à cet amendement. « C'est mieux que rien, concède-t-il. On préférerait que la privatisation, catastrophe annoncé, ne se fasse pas. Mais dans la mesure où elle paraît inéluctable, cet amendement sauve les meubles. Même s'il est loin de résoudre le problème de santé publique engendré par les nuisances aériennes. »

    Pour Didier Gonzales, maire (LR) de Villeneuve-le-Roi (94) et président de Bruitparif, cette inscription dans la loi n'est qu'un « cavalier législatif pour faire avaler la pilule de la privatisation ». « C'est même un recul par rapport à la loi Grenelle de 2009, poursuit l'élu. Car elle prévoyait une amélioration avec un couvre-feu respectant les 8 heures de sommeil ( NDLR : 22 heures-6 heures ) préconisés par l'OMS et visait à réduire les créneaux pour Orly à 200 000 vols annuels. »

    Laurent Saint-Martin, député LREM de la 3e circonscription du Val-de-Marne rétorque que « les objectifs fixés par le Grenelle n'ont rien de normatif, ils sont désormais inscrits dans la loi ». « Cela fait des années que les députés se cassent les dents sur le sujet, c'est une grande victoire parlementaire », poursuit le parlementaire.

    Dans l'opposition, Nicolas Dupont-Aignan, député (DLF) de la 8e circonscription de l'Essonne, reconnaît que l'amendement proposé par les trois députés LREM, « c'est mieux que rien ». « Je l'ai toujours demandé, rappelle-t-il. Mais quand on fait rentrer le loup dans la bergerie, ce n'est pas parce qu'on aura fixé des règles du jeu avant qu'il les respectera. L'Etat va perdre le contrôle stratégique, de l'argent et les riverains subiront encore plus de nuisances. Cette privatisation est une usine à gaz. »

    Pour Pascal Savoldelli, sénateur PCF du Val-de-Marne et conseiller départemental : « Le foncier des Aéroports de Paris représente un territoire de 6 600 hectares. C'est un bien d'intérêt national stratégique, un enjeu majeur en termes de nuisances et de développement durable. L'état doit absolument en garder le contrôle pour éviter toute logique de rentabilité néfaste d'un groupe privé. »