Loto du Patrimoine : dans l’Eure, l’ancienne rubanerie de Saint-Aubin-de-Scellon est sélectionnée

Dans le Lieuvin, à l’ouest du département de l’Eure, dès le XVIIIe siècle grâce à la culture des plantes textiles, une industrie particulière s’est développée, la rubanerie, le tissage de rubans très utilisés dans la mode de l’époque. En 1832, 1 600 rubaniers exerçaient dans le canton de Thiberville et plus de 1 000 à Bernay. Avec l’apparition des matières synthétiques et des productions à l’étranger notamment en Asie, les usines ont fermé les unes après les autres.

Aujourd’hui, il ne reste que l’entreprise Lecuyer à Lisieux. Pourtant, dans la campagne du pays d’Auge, il reste quelques bâtiments qui rappellent cet âge d’or. C’est notamment ce qu’a retenu la Mission du Patrimoine pour la sauvegarde du patrimoine en péril en sélectionnant parmi les 100 lauréats pour l’édition 2024 du Loto du Patrimoine l’ancienne rubanerie de Saint-Aubin-de-Scellon.

Une bouteille à la mer

Au bout d’un chemin, se trouve sur un terrain de 1,7 ha la propriété de Tra-Giang Langet et son mari, composée d’une maison de maître, de dépendances, d’un verger, d’un potager bio et d’une grande bâtisse de 600 m2 sur trois niveaux en briques de Saint-Jean avec des très nombreuses fenêtres : « nous sommes arrivés ici en avril 2017. Nous cherchions une maison de campagne. Nous y avons passé les confinements et depuis que le télétravail s’est généralisé nous y vivons de plus en plus souvent. D’ailleurs, notre fils va faire son entrée à l’école du village en janvier » indique la propriétaire.

C’est lors de ses périodes que le couple originaire de la région parisienne « découvre au fur et à mesure l’histoire de ce bâtiment, de cette usine de rubans construite en 1851. Nous y avons aussi appris par des dessins encore présents sur les murs qu’il a été occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. On a surtout pris conscience de la richesse historique et du potentiel incroyable » explique Tra-Giang Langet. Alors, après avoir lancé des travaux dans la maison, « nous avons eu envie de mettre le bâtiment à l’abri des tempêtes, éviter les infiltrations. C’est un ami qui m’a parlé de la Mission du Patrimoine. Nous nous sommes dit que notre rubanerie s’inscrivait bien dans leurs objectifs et témoignait du patrimoine industriel du Lieuvin. C’est peut-être la dernière qui subsiste dans la région. J’ai donc déposé un dossier de candidature comme une bouteille à la mer ».

Plus de 170 000 euros de travaux

Et, ça a fonctionné, car avec un dossier bien ficelé et des beaux clichés, « mais pas encore la visite de Stéphane Bern [rires], nous avons été retenus. Nous saurons en fin d’année la somme qui nous sera allouée, car il y a beaucoup de travaux. L’urgence, c’est la mise hors d’air et hors d’eau. C’est le but du Loto du Patrimoine qui ne finance que ce qui est visible de l’extérieur. Alors, nous referons la couverture et les huisseries. Il y en a pour plus de 170 000 euros. Ensuite, nous verrons avec un architecte pour restaurer à l’origine l’intérieur. On pense faire des chambres d’hôtes plus un lieu d’accueil par des stages et des séminaires, le tout doté d’une cuisine professionnelle pour des ateliers de gastronomie. Il faudra pour cela mobiliser d’autres financements », détaille la propriétaire.