Affaire Anaïs Guillaume : la peine de 22 ans infligée à Philippe Gillet est «illégale»

Cette condamnation enfreint l’article 362 du code de procédure pénale.

 Philippe Gillet a été condamné à 22 ans de réclusion criminelle pour le meurtre d’Anaïs.
Philippe Gillet a été condamné à 22 ans de réclusion criminelle pour le meurtre d’Anaïs. L’Union de Reims/Karen Kubena

    La peine de 22 ans de prison pour meurtre prononcée ce mercredi par la cour d'assises des Ardennes à l'encontre de Philippe Gillet est « illégale », a indiqué vendredi le parquet général, qui a par ailleurs fait appel du jugement.

    Accusé du meurtre de son épouse Céline Gillet et de l'assassinat de son ex-petite amie Anaïs Guillaume, Philippe Gillet a été condamné à 22 ans de réclusion criminelle pour le meurtre d'Anaïs, la cour n'ayant pas retenu la préméditation, et acquitté de celui de son épouse.

    Mais cette peine de 22 ans est « illégale », selon l'avocat général Jacques Louvier, confirmant une information de l'Union-l'Ardennais. Car en vertu de l'article 362 du code de procédure pénale, lorsque la Cour délibère et que le maximum de la peine de prison encourue - trente ans dans le cas d'un meurtre sans préméditation - n'obtient pas la majorité des voix (comme c'est le cas dans cette affaire), « il ne peut être prononcé une peine supérieure à vingt ans de réclusion criminelle ». Il n'existe dans ce cas précis « pas de peine intermédiaire », a assuré Jacques Louvier.

    « Le jugement est donc entaché d'une erreur procédurale », qui n'entraîne toutefois « en aucun cas » l'annulation du verdict : « M. Gillet est bien reconnu coupable et n'est pas détenu illégalement », a-t-il précisé.

    Dans ce genre de cas, « qui s'est déjà produit », la Cour de cassation « dit qu'on réduit la peine au montant légal de vingt ans », a-t-il ajouté. Mais « le parquet général a décidé de faire appel, de manière à ce qu'on rejuge entièrement le dossier », y compris le cas de Céline Gillet.

    «La culpabilité de Philippe Gillet est incontestable»

    Cet appel est toutefois « indépendant » de l'erreur procédurale. « Nous aurions de toute façon fait appel, l'une des raisons principales étant le fait qu'on n'ait pas retenu la préméditation, ce qui nous paraît aberrant », a détaillé le magistrat.

    « Nous vérifions la jurisprudence et recherchons s'il n'y a pas de décision contraire de la Cour de cassation » mais « à ce stade il ne semble pas » que cette erreur procédurale puisse entraîner une remise en liberté de Philippe Gillet, qui « sera de toute façon rejugé en appel », a déclaré à Ghislain Fay, l'un des avocats de l'agriculteur ardennais.

    « Erreur ou pas, le meurtrier d'Anaïs a un nom, la culpabilité de Philippe Gillet est incontestable. Mais quelle que soit la peine, cela ne répondra jamais à la question des parents, qui voulaient avant tout savoir où est le corps de leur fille », qui n'a jamais été retrouvé, a réagi Damien Delavenne, avocat de la famille Guillaume.