Cette France qui «pète un plomb» : le GIGN face à l’inquiétant phénomène des «retranchés»

SÉRIE (1/5). A bout de tout, en détresse psychologique, économique et sociale, ils saisissent une arme, s’enferment chez eux, et menacent leur vie ou celle de leur entourage. Selon nos informations, le GIGN a plus que doublé ses interventions ces derniers mois. Pour comprendre ce phénomène, nous avons interrogé d’anciens « retranchés », des psychologues, des négociateurs des forces de l’ordre…

Selon notre décompte, réalisé de février à mi-avril, la presse régionale rapporte tous les deux jours, en moyenne, les coups de folie d’hommes seuls, furieux, armés. LP/Illustration Anne-Gaëlle Amiot
Selon notre décompte, réalisé de février à mi-avril, la presse régionale rapporte tous les deux jours, en moyenne, les coups de folie d’hommes seuls, furieux, armés. LP/Illustration Anne-Gaëlle Amiot 

    Notre série sur la France des « retranchés » en 5 épisodes

    1. Le GIGN face à l’inquiétant phénomène des «retranchés»
    2. Le jour où Christelle a voulu « tout faire sauter »
    3. Le mystère du « suicide by cop »
    4. Dans la peau d’un négociateur du GIGN
    5. Mon voisin est un forcené

    Marie-Gwenola Hollebecq n’oubliera jamais le message qui a surgi sur son écran, ce mercredi 10 février, en début d’après-midi. Guillaume, 38 ans, avertit la maire d’un drame imminent à La Chèze, 600 habitants en plein bocage breton. Dans une heure, il va brûler les maisons, tuer et manger ses voisins. « Au moins ça me fera de la viande », ironise-t-il. Glacée, elle alerte les gendarmes.

    Cet informaticien sans emploi a vu fondre ses relations sociales et ses économies, au fil des mois de la pandémie de Covid-19. Son dossier pour le RSA est inexplicablement bloqué. Sur son compte courant : 37 centimes. Il survit grâce à des dons. La mairie ferme les yeux sur ses incursions au camping municipal où il recharge son téléphone et prend des douches. Marie-Gwenola soupire. « C’est un garçon intelligent et éduqué. Une conjonction de choses lui a fait perdre les pédales. » Délogé par le GIGN, le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale, il écopera de huit mois de prison avec sursis, pour trouble à l’ordre public et menaces. Il n’a plus le droit de reparaître dans la commune.