La France des «retranchés» : dans la peau d’un négociateur du GIGN

SÉRIE (4/5). Bertrand est négociateur de crise au Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). Il est l’un de ces hommes aux nerfs d’acier qui parlementent avec preneurs d’otage, terroristes, forcenés. Plongée dans un métier hors-norme, soumis à la plus grande discrétion.

Les gendarmes d’élite du GIGN, négociateurs de crise formés à la psychologie autant qu’à l’assaut, sont plus sollicités que jamais. LP/Illustration Anne-Gaëlle Amiot
Les gendarmes d’élite du GIGN, négociateurs de crise formés à la psychologie autant qu’à l’assaut, sont plus sollicités que jamais. LP/Illustration Anne-Gaëlle Amiot 

    Notre série sur la France des « retranchés » en 5 épisodes

    1. Le GIGN face à l’inquiétant phénomène des «retranchés»
    2. Le jour où Christelle a voulu « tout faire sauter »
    3. Le mystère du « suicide by cop »
    4. Dans la peau d’un négociateur du GIGN
    5. Mon voisin est un forcené

    La colonne a quitté Satory (Yvelines) en trombe. Les véhicules foncent vers l’ouest. Dans le 4x4 blanc, Bertrand se concentre, imperméable au bruit, à la vitesse, aux gyrophares qui saturent de bleu ce soir d’été. La radio, accrochée au tableau de bord, crachote les informations récoltées par les gendarmes locaux. Un homme, 72 ans. Une dispute. Dépressif. Chasseur. Ancien maçon. Douze fusils dans les placards. Déterminé. On suspecte les prémices d’Alzheimer.

    Le convoi freine à Soulangy (Calvados), un village de 256 habitants qui s’étire sur la route de Caen. Le périmètre de sécurité, sur la D658, contient les officiels et les curieux. Dans l’impasse de la Couture, Bertrand, 39 ans, lève son regard clair vers un pavillon bordé d’arbres. Quinze mètres séparent le 4x4 blindé de la porte d’entrée. Derrière, il y a Roger et ses fusils.