Séisme en Italie : dans les décombres des villages fantômes

 En Italie, le silence a envahi les ruines des petites localités ravagées par le tremblement de terre, comme à San Capone.

    Un paysage à couper le souffle. Des villages de poche, accrochés à flanc de montagne, auxquels on accède par des routes étroites et sinueuses. Ce décor majestueux s'est transformé mercredi en piège mortel pour au moins 291 personnes, dans ces hameaux médiévaux perdus au cœur des Apennins, lieu de villégiature de nombreux Romains. Amatrice, devenue le symbole de cette tragédie, compte à elle seule 49 de ces localités — parfois une poignée de maisons — aujourd'hui désertées.

    Ceux qui ont survécu ont tout quitté dans la précipitation. Les plus chanceux ont pu trouver refuge chez leurs proches, à Rome notamment, les autres dorment aujourd'hui sous les tentes bleues de la protection civile, en contrebas. Dans les hauteurs, autour des maisons éventrées, le silence règne désormais en maître.

    A San Capone, à plus de 1 000 m d'altitude, un calme étrange s'est installé, à peine troublé par les glapissements plaintifs des chiens abandonnés à leur sort. Sur la placette centrale, les rires des enfants, qui résonnaient encore la veille du drame lors de la fête annuelle du village, se sont évanouis. Seuls des emballages vides de feux d'artifice et un fanion coloré, qui pend d'une façade délabrée, témoignent de ces moments de légèreté. Sur un mur fissuré, encore, un ruban bleu à une fenêtre, accroché là pour signaler la naissance d'un garçon. Mercredi, une centaine de personnes se trouvaient à San Capone, qui n'est pourtant habité, l'hiver, que par cinq familles. Mais la mort a choisi de frapper au mois d'août, quand les Romains se réunissent en famille dans leur maison d'été autour des grands-parents.

    Quelque part, un téléphone sonne dans le vide. Dans cette maison, en apparence préservée, le temps semble s'être figé. A l'étage, un plafonnier est encore allumé. Au rez-de-chaussée, une scène de chaos. Canapés et armoires se sont déplacés de plusieurs mètres sous l'effet de la secousse. Au sol, l'écran de télévision gît au milieu des livres et de la vaisselle cassée. De l'autre côté de la place, le destin s'est montré moins clément. Il ne reste rien des maisons, dont les ruines ont englouti les voitures garées dans la rue. L'une de ces habitations offre un spectacle incongru, sa cuisine encore intacte suspendue dans le vide, surplombant une montagne de gravats. Pourtant, ses habitants ont réussi à en réchapper sains et saufs.

    « Ce couple a pu s'extraire tout seul, Dieu merci », témoigne un homme surgi au coin d'une rue. Appareil photo à la main, propriétaire de plusieurs bâtisses du village, il est venu depuis Rome confirmer ce qu'il pressentait. « Tout est détruit », soupire-t-il, évoquant toutefois un « petit miracle ». « Nous n'avons eu qu'une jambe cassée ici, c'est incroyable. Là encore, la veille, il y avait six enfants », poursuit-il en désignant une maison aujourd'hui effondrée au milieu de l'unique route du village. Contemplant une dernière fois ce paysage apocalyptique, il s'éclipse en secouant la tête. « Il n'y a plus rien à faire, murmure-t-il. Ça ne sert à rien de rester ici. »

    VIDEO. Séisme en Italie : les sauveteurs viennent en aide aux rescapés