Des proches de Simone Gbagbo entendus après la disparition d'un journaliste

Des proches de Simone Gbagbo entendus après la disparition d'un journaliste

    Intérrogée en présence du juge d'instruction français Patrick Ramaël, dans le bureau du procureur d'Abidjan, le 23 avril, Simone Gbagbo, l'épouse du chef de l'Etat ivoirien, ne varie pas d'un iota : « Je ne connais pas Guy-André Kieffer. Je ne sais rien des investigations qu'il menait sur la filière cacao. Je n'ai jamais lu d'articles de lui, et d'ailleurs, je ne sais même pas s'il est journaliste. » A chacune des questions, consignées dans un procès-verbal que « le Parisien »-« Aujourd'hui en France » a consulté, la première dame ivoirienne élude sèchement. Elle n'a rien à voir, de près ou de loin, avec la mort du journaliste indépendant Guy-André Kieffer, disparu le 16 avril 2004 sur le parking d'un centre commercial d'Abidjan et dont le corps n'a jamais été retrouvé.

    Son beau-frère donne des noms puis se rétracte

    Ce jour-là, il s'apprêtait à se « mettre au vert » au Ghana voisin, fuyant les menaces dont il était la cible. Selon son entourage, GAK s'était fait bon nombre d'ennemis, jusqu'aux proches du pouvoir, en dénonçant des malversations liées à la filière cacao, la première richesse du pays, dont il connaissait parfaitement les rouages : « Mon frère, qui avait un côté chevalier blanc, était là-dedans comme un chien dans un jeu de quilles », souligne Bernard Kieffer.

    Malgré les dénégations de l'épouse du président ivoirien, un faisceau d'indices met en cause son entourage, dès les premières semaines de l'enquête. Michel Legré, qui connaissait le journaliste et aurait servi d'appât pour les kidnappeurs, n'est autre que le beau-frère de Simone Gbagbo. Interrogé quelques semaines après la disparition de GAK, ce dernier lâche les noms d'une quarantaine de personnes qui auraient commandité puis participé à l'enlèvement, à la séquestration et à l'exécution du journaliste gênant. Parmi eux figure aussi l'ancien ministre ivoirien des Finances. Puis Legré se rétracte. Au moins deux autres témoins confirment sa version, sous serment. Jean-Tony Oulaï, le chef présumé du Commando Cobra qui aurait exécuté le crime, est mis en examen et incarcéré en France, depuis 2007.

    Ultime rebondissement : la semaine dernière, France 3 diffuse le témoignage d'Alain Gossé, un ancien militaire de la garde présidentielle ivoirienne, qui met nommément en cause deux responsables de la sécurité de Simone Gbagbo : Anselme Seka Yapo et Patrice Baï. Ces derniers, également interrogés en avril, nient, malgré des relevés téléphoniques prouvant le contraire, avoir été en contact avec Oulaï. Pour les proches du journaliste disparu, il ne fait plus guère de doute que l'affaire Kieffer est une affaire d'Etat.