Deux policiers municipaux portent plainte pour harcèlement

Deux policiers municipaux portent plainte pour harcèlement

    Une affaire de discrimination présumée pourrait secouer la prestigieuse police municipale (PM) de Cannes (Alpes-Maritimes). Deux agents du service de nuit ont déposé plainte pour « harcèlement moral » auprès du parquet de Grasse le 15 mai. Alain Marty, 38 ans, et Nicolas Persec, 34 ans, dénoncent une longue mise à l'écart sur fond d'homophobie et de rivalités syndicales. Meurtris par les « brimades et les pressions » et choqués par « l'inertie de la hiérarchie », ils ont décidé de briser le silence.

    Aujourd'hui à 11 heures, les plaignants et leur avocat, M e Gilbert Collard, ont donné rendez-vous à la presse au Grand Café, à deux pas du palais des Festivals. Ils sont soutenus par le Syndicat national des policiers municipaux mais aussi par des associations comme SOS Homophobie, la Ligue des droits de l'homme ou Gay Lib.

    « Lors d'une intervention à risque, on a même été mis en danger faute de renforts »

    Elément bien noté, Alain Marty intègre le service de nuit de la PM de Cannes en 2006, Nicolas Persec l'année suivante. Ils appartiennent à des syndicats minoritaires. « Assez vite, plusieurs de leurs collègues ont commencé à s'intéresser à leur orientation sexuelle dont ils ne faisaient pourtant pas état », indique M e Collard. Le gardien Persec, dont la fiche de notation 2008 loue « les grandes qualités professionnelles », poursuit : « Tout a commencé en 2007 avec la rumeur sur la séropositivité d'Alain. Il a été mis à l'écart, des agents refusant de travailler avec quelqu'un de malade, le tout cautionné par la hiérarchie. »

    Nicolas Persec, visé à son tour par la rumeur selon laquelle il était gay, va rejoindre le camp des « pestiférés ». Isolés, les deux gardiens travaillent dans un climat délétère. « Lors d'une intervention à risque, on a même été mis en danger faute de renforts, prétend-il. En 2008, j'ai retrouvé écrit sur mon casier 100 % tarlouze . » Son collègue Marty consigne tout dans cinq rapports administratifs. Il assure ne jamais avoir eu de réponse de ses chefs ou de la mairie. Il craque et tente de se suicider.

    « Alain et Nicolas sont de très bon policiers. Cette discrimination est écoeurante », lâche un collègue hétérosexuel prêt à témoigner. Selon les plaignants, le nombre de leurs tourmenteurs avoisine la quinzaine, soit la moitié du service. Joint hier, le directeur de la PM de Cannes s'est refusé à toute déclaration. Contactée à son tour, la porte-parole de la mairie est restée silencieuse. Il reste à connaître les suites que le parquet de Grasse donnera à l'affaire.