Diffamation : Siné débouté

Diffamation : Siné débouté

    Siné, l'ancien caricaturiste de Charlie Hebdo, a été débouté mardi par le tribunal correctionnel de Paris de l'action en diffamation qu'il avait intentée contre le journaliste Claude Askolovitch qui l'avait taxé d'antisémitisme.

    Ce dossier n'était que le volet annexe d'une plus grosse affaire jugée à Lyon. Dans cette «affaire Siné», le dessinateur était poursuivi par la Licra pour «incitation à la haine raciale» après avoir ironisé dans Charlie Hebdo sur une éventuelle conversion au judaïsme de Jean Sarkozy.

    Le tribunal correctionnel de Lyon l'a relaxé de ce chef le 24 février, considérant que les propos de Siné tenaient plus de la satire que de l'antisémitisme.

    La chronique publiée le 2 juillet dans Charlie Hebdo n'avait d'abord pas provoqué de remous, jusqu'à une émission sur RTL, le 8 juillet. Claude Askolovitch, alors journaliste au Nouvel Observateur, s'en était pris à Siné, dénonçant «un article antisémite dans un journal qui ne l'est pas».

    Le chroniqueur, aujourd'hui journaliste au JDD et à Europe 1, avait ajouté que le directeur de la publication de Charlie Hebdo allait «faire son éditorial pour expliquer que Siné est une ordure, a dérapé totalement et qu'il devrait partir».

    Quelques jours plus tard, Philippe Val avait effectivement licencié le dessinateur, l'affaire provoquant une immense polémique, journalistes et intellectuels se divisant entre pro-Val et pro-Siné. Siné avait alors décidé d'assigner Claude Askolovitch en diffamation.

    «Sans méconnaître le caractère imprudent» des propos litigieux, «ni l'opprobre public auquel (Siné) a été confronté à partir de la diffusion de l'émission» sur RTL, la 17e chambre a relaxé le journaliste, estimant que les propos poursuivis n'étaient pas diffamatoires, mais «participaient au débat d'idées, consubstantiel à toute société démocratique».

    L'un des avocats de Claude Askolovitch, Me Patrick Klugman, se réjouissait mardi que le tribunal ait «consacré la liberté absolue de dénoncer des propos abjects» quand «on est polémiste».

    "Je me trouve associé à des gens que je hais"

    A l'audience du 20 janvier, Siné s'était dit profondément blessé par les accusations de Claude Askolovitch. Aujourd'hui, «je me trouve associé à Le Pen, Faurisson, à des gens que je hais», avait-il déploré, faisant état de menaces à son encontre.

    Son conseil, Me Dominique Tricaud, exprimait mardi sa déception face à cette décision, symbole selon lui d'«un certain naufrage pour des personnes comme Siné qui se sont battues contre l'antisémitisme».

    Regrettant une «banalisation du terme», l'avocat a jugé «grave» qu'on puisse aujourd'hui «traiter tout le monde d'antisémite, sans se faire condamner».