Enquête sur les dérives d’un patron de CRS : descente de la police des polices à Lagny-sur-Marne

INFO LE PARISIEN. Une dizaine d’enquêteurs de l’IGPN, la police des polices, ont fait irruption ce matin à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), où est cantonnée la CRS 4. Ils enquêtent notamment sur les agissements du commandant de cette compagnie.

Dans le viseur des « bœufs-carottes » : Luc L., commandant de la CRS 4, épinglé dans un rapport de sa hiérarchie, notamment pour son absentéisme, décrivant un emploi quasi fictif. (Illustration) LP/Marine Legrand
Dans le viseur des « bœufs-carottes » : Luc L., commandant de la CRS 4, épinglé dans un rapport de sa hiérarchie, notamment pour son absentéisme, décrivant un emploi quasi fictif. (Illustration) LP/Marine Legrand

    Ce sont des collègues que les CRS ont rarement l’habitude de croiser. Ce mardi matin, une dizaine d’hommes de l’IGPN, l’inspection générale de la police nationale, se sont rendus au Château de Pomponne, à Lagny-sur-Marne, là où est cantonnée la CRS 4.

    Ils sont en charge d’une enquête préliminaire, ouverte le 8 novembre par le parquet de Meaux, compétent territorialement, comme l’avait révélé il y a trois semaines le Parisien et France Info. Elle vise des faits de « détournements de bien public, recel de détournement de bien public et violation du secret professionnel ».

    Dans le viseur des « bœufs-carottes » : Luc L., commandant de la CRS 4, actuellement en arrêt maladie. En début d’année, il avait fait l’objet d’un rapport au vitriol réalisé par la sous-direction de l’inspection de la Direction centrale des CRS (DCCRS). Ce document, dont le Parisien avait eu connaissance, détaillait par le menu son absentéisme, décrivant, depuis quinze ans qu’il est à la tête de la compagnie, un emploi quasi fictif.

    Les fils WhatsApp de la CRS 4 particulièrement scrutés

    Plus grave : le commandant L. est soupçonné d’avoir abusé de sa fonction pour se noter des jours de présence alors qu’il était absent, d’avoir touché indûment des primes, et d’avoir utilisé le matériel administratif et ses subordonnés pour le compte de certains membres de sa famille.

    Selon le rapport de la DCCRS, Luc L. a très souvent délaissé ses fonctions, au profit de son adjoint. Il en profitait alors pour s’adonner notamment à sa passion du golf. Jusqu’à ce que l’ambiance se tende entre les deux hommes, et que l’un et l’autre ne s’accusent de manquements.

    Ce « malaise profond » a abouti, fin 2022, à la tentative de suicide d’une employée administrative handicapée. Luc L. est également soupçonné d’avoir modifié le rapport rédigé à la suite du drame « afin de limiter la responsabilité de la hiérarchie dans sa survenance ». Il serait même allé jusqu’à l’antidater pour que celui-ci « ne soit pas considéré comme intervenu en service ».

    Nul doute également que les hommes de l’IGPN se pencheront sur les fils WhatsApp de la CRS 4, truffés de « plaisanteries de mauvais goût, de railleries ou moqueries » et de « messages inacceptables », à la fois racistes et antisémites. En la matière, selon la DCCRS, autant Luc L. que son adjoint semblent s’en être donnés à cœur joie. L’entourage de Luc L., contacté il y a quelques semaines, dénonçait une cabale organisée contre lui par son adjoint.