« Il a réussi à endormir tout le monde »

UN GARDIEN DE PRISON de la maison d'arrêt d'Auxerre

« Il a réussi à endormir tout le monde »

    Un surveillant de la maison d'arrêt d'Auxerre n'hésite pas à le dire : « M. Treiber est un détenu particulièrement exemplaire, qui ne pose jamais de problèmes, ne réclame jamais rien. Si tous les prisonniers se comportaient comme ça... » Après l'évasion, ce gardien révise forcément son jugement. « Il a bien caché son jeu, c'est un malin », lâche-t-il en soupçonnant Treiber de s'être façonné l'image d'un détenu modèle qui a réussi à « endormir tout le monde ».

    Autoritaire et manipulateur

    Jean-Pierre Treiber partageait avec un détenu une cellule située au 1er étage de la prison. « Un type calme, poli, jamais un mot plus haut que l'autre, décrit un autre surveillant. Aucun incident disciplinaire. » Fidèle à sa nature, Treiber économisait ses paroles. « Certains ont eu beau le cuisiner, il n'a jamais parlé de son affaire », rapporte un gardien. Jean-Pierre Treiber a du tempérament sous son air éteint. Certains pensent qu'il joue de ce personnage en apparence fade et limité.

    « C'est un manipulateur », glisse un enquêteur. « Il est loin d'être l'imbécile pour lequel il voulait se faire passer, c'est quelqu'un qui a beaucoup de charisme », affirmait son ex-femme hier dans « l'Yonne républicaine ». « Du charisme ? On ne peut pas vraiment dire ça, nuance un gardien. C'est quelqu'un d'autoritaire. Il arrive à se faire comprendre des autres détenus sans hausser le ton. »

    A la prison, Treiber avait un statut « privilégié ». Il faisait partie des sept détenus autorisés à travailler à l'atelier de confection de cartons situé en sous-sol. « Il était devenu une sorte de contremaître . C'est lui qui distribuait le travail dans les cellules. Les autres le respectaient », indique un surveillant. Cette « mission de confiance » lui procurait une relative liberté de mouvement. Il pouvait quitter sa cellule de 8 h 30 à 11 h 45, ressortir vers 13-14 heures avant de la réintégrer à 17 h 45. « Il a profité de sa position pour étudier les failles du système », glisse un autre gardien.

    Dépeint comme un détenu en bonne santé, Treiber recevait la visite régulière d'une amie. Vendredi dernier, il avait vu deux membres de sa famille.