Khamzat Azimov : la stupeur de son ancien médecin

Victoria Zolty a connu l’auteur de l’attaque au couteau perpétrée samedi à Paris quand il avait 12-13 ans en Alsace. Cette généraliste se souvient d’un adolescent qui avait alors tout pour «réussir dans la vie».

 Khamzat Azimov, l'auteur de l'attentat perpétré le 12 mai dans le centre de Paris.
Khamzat Azimov, l'auteur de l'attentat perpétré le 12 mai dans le centre de Paris. DR

    Victoria Zolty était le médecin généraliste de famille Azimov à Bischheim dans la banlieue de Strasbourg (Bas-Rhin), peu après son arrivée en France en provenance de Tchétchénie. Quatorze ans plus tard, elle s'est tout de suite rappelée de l'un d'entre eux, Khamzat Azimov. L'auteur de cet « acte épouvantable » qui a fait un mort et quatre blessés dont un grave ne correspond pas avec le souvenir qu'elle conserve de son patient, alors âgé de 12-13 ans.

    « Je n'ai pas pu dormir de la nuit c'est horrible », se désole-t-elle. Trois jours après l'attaque au couteau perpétré par Khamzat Azimov dans le quartier de l'Opéra à Paris, le docteur Zolty n'en revient toujours pas. « Je ne me rappelle pas de tous mes patients, mais lui je ne peux pas l'oublier », confie-t-elle.

    A l'époque, Khamzat Azimov a 13 ans. Le jeune adolescent né en Tchétchénie apprend le français en quelques semaines. « Il traduisait tout à ses parents, c'est même lui qui remplissait les papiers des allocations familiales », témoigne Victoria Zolty. A l'aise avec les langues, Khamzat est aussi excellent en mathématiques.

    « Il est arrivé en plein milieu de l'année scolaire et a intégré la classe supérieure sans aucune difficulté, j'ai trouvé ça extraordinaire », se remémore la praticienne. Elle évoque un garçon brillant et aussi très poli : « Un peu timide, il laissait sa place aux femmes enceintes dans la salle d'attente. »

    «Il avait vu un enfant pendu par l'armée russe»

    Alors que ses parents sont réticents à ce qu'il reçoive des vaccins pourtant obligatoires en France, Khamzat se laisse faire sans difficulté. « Il était très respectueux avec moi et ça ne lui posait aucun problème de se déshabiller pour se faire ausculter», raconte la médecin.

    Parmi les réfugiés tchétchènes qui constituent 30 % de sa patientèle, beaucoup d'enfants ont vécu les horreurs de la guerre en Tchétchénie. Mais Khamzat Azimov, lui, ne montre pas de signes de traumatisme apparents. La médecin apprend au détour d'une conversation avec la mère du jeune homme que lui aussi a vu des atrocités. « Elle voulait que je prescrive un médicament à l'un de ses enfants qui n'arrêtait pas de faire pipi au lit à cause des souvenirs la guerre. Elle a cité Khamzat en contre-exemple, m'expliquant qu'il avait vu un enfant pendu par l'armée russe en pleine rue, mais que lui allait très bien. »

    D'origine russe, Victoria Zolty s'identifie au jeune homme et développe alors pour lui une forme de tendresse : « Il allait réussir dans la vie, pour moi c'était une évidence », confie la généraliste, horrifiée par l'attentat perpétré par le jeune homme de 20 ans.