L’Alabama va exécuter cet homme pour meurtre, en sachant qu’il n’a pas tiré

C’est son complice qui tenait le fusil mais Nathaniel Woods a été condamné pour l’assassinat de trois policiers, accusé de leur avoir tendu un guet-apens.

 Nathaniel Woods à la prison d’Atmore, dans l’Alabama.
Nathaniel Woods à la prison d’Atmore, dans l’Alabama. Alabama Department of Corrections/VIA REUTERS

    En Alabama, dans la soirée de jeudi, soit dans la nuit de jeudi à vendredi à l'heure française, un détenu attendait dans le couloir de la mort à la prison d'Etat d'Atmore. À moins d'une intervention de la gouverneure Kay Ivey, cet homme de 43 ans devait recevoir une injection létale pour le meurtre de trois policiers, survenu en 2004.

    Trois officiers de la police de Birmingham qu'il n'a pas tués. La justice le sait, ce n'est pas lui qui a appuyé sur la détente. Les trois victimes avaient un mandat pour l'interpeller, lui, Nathaniel Woods, pour violence domestique. Ils savaient le trouver dans une maison où lui et son complice, Kerry Spencer, étaient soupçonnés de vendre de la drogue aux consommateurs de crack.

    Comme le rappelait jeudi le New York Times, l'enquête a établi que les policiers ont crié qu'ils entraient dans la planque et que Spencer a alors ouvert le feu. Carlos Owen, 58 ans, et Harley Chisholm, 40 ans, sont morts sur le seuil de la cuisine. Un troisième agent, Charles Bennett, 33 ans, a été tué près de l'entrée. Un quatrième a été blessé et s'en est tiré.

    Pour prouver la préméditation, un dessin et une chanson

    Les procureurs ont jugé Nathaniel Woods coupable d'avoir monté un guet-apens. Avant de se rétracter, sa petite amie avait affirmé que lui et son complice détestaient les policiers et que Woods voulait tuer l'agent Owen. L'accusation a aussi produit un dessin de sa main trouvé dans sa cellule et montrant un véhicule de police criblé de balles, ainsi que les paroles ambigues d'une chanson écrites par lui.

    Il a été condamné à mort en vertu d'une loi de l'Etat de l'Alabama qui permet de reconnaître comme coupable celui qui a participé à un meurtre sans forcément avoir tenu le fusil. L'appel de ses avocats a été rejeté par la Cour suprême l'an dernier. L'Etat de l'Alabama a ensuite avancé la date de son exécution.

    Alors qu'une pétition réclamant qu'il soit gracié recueillait 70 000 signatures, ses avocats ont fait valoir qu'il n'avait pas été informé sur la façon dont il allait mourir. Depuis une loi fédérale de 2018, si un Etat manque de produits pour l'injection létale, le condamné peut choisir entre l'asphyxie par hydrogène et la chaise électrique.

    En dernier recours, le fils de Martin Luther King a écrit mardi à la gouverneure pour lui demander de surseoir à l'exécution de Nathaniel Woods, la qualifiant d'injustice. Jeudi soir, heure française, la réponse se faisait attendre. L'Alabama a exécuté 66 condamnés depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976.