L'ex-assureur accusé d'escroquer les épargnants

L'ex-assureur accusé d'escroquer les épargnants

    Ses victimes attendent ce face-à-face depuis plus de trois ans. Eric Boisset, ancien inspecteur conseil d'Axa, doit comparaître aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Nîmes (Gard) pour « abus de confiance aggravé », « faux et usage de faux ». Il lui est reproché d'avoir détourné des fonds à hauteur de 5,3 millions d'euros entre 2000 et 2005, en usant de sa qualité de salarié d'Axa et au préjudice d'une trentaine d'épargnants. L'homme usait des relations établies avec des clients de longue date pour se faire remettre des chèques sans ordre qu'il encaissait sur des comptes personnels. Il leur promettait des placements inespérés, remboursant certains avec l'argent des autres. Le tout étayé de fausses attestations de versement, voire de faux imprimés fiscaux et bulletins de souscription.

    Un comité des lésés d'Axa

    C'est un signalement de la cellule de renseignement financier Tracfin qui avait déclenché l'affaire. Fin 2005, Eric Boisset est interpellé, mis en examen et écroué. Il a entre-temps été licencié par Axa. Peu à peu, les victimes se font connaître et portent plainte. Or, au fil du temps, leur colère déborde l'inspecteur pour viser la compagnie. Un « comité des lésés d'Axa », qui réunit des dizaines de personnes en France, voit le jour. Ils souhaitent, explique l'un des responsables, « dénoncer la faillite de la compagnie dans la surveillance de ses salariés et ses stratagèmes pour échapper à ses responsabilités ». « Dans l'affaire Boisset, Axa l'a laissé poursuivre ses malversations durant trois mois avant de nous traiter comme des complices ! » affirme l'une des plaignantes.

    « Nous serons présents comme victimes à ce procès », souligne un porte-parole d'Axa à Paris, qui assure que la compagnie a d'ores et déjà indemnisé « une dizaine de victimes pour près de 1 million d'euros. » « Il appartient à l'instance pénale de déterminer qui sont les victimes de bonne foi. En ce cas, nous payerons », poursuit-il.

    Avocat d'une douzaine de victimes qui ont en outre porté plainte contre Axa au civil, Nicolas Le Coq-Vallon estime que c'est devant cette instance que se jouera ce volet du dossier. Durant l'instruction, Eric Boisset a reconnu les faits. Mais il a aussi, dans une longue lettre au magistrat instructeur, détaillé des systèmes de « réemploi » de contrats et autres commissionnements pratiqués par Axa via ses salariés et agents, qu'il n'hésite pas à qualifier d'« arnaque au client ».