La piste terroriste définitivement écartée

La piste terroriste définitivement écartée

    Laurent Jouault a perdu cinq membres de sa famille dans la catastrophe aérienne de Charm el-Cheikh, le 3 janvier 2004 au large de l'Egypte. « La piste de l'attentat a été écartée avant même la recherche des boîtes noires. Je souhaitais, comme d'autres familles, en avoir le coeur net », indique ce restaurateur de 41 ans. Leur avocat, Me Gilbert Collard, a donc demandé un complément d'expertise au juge de Bobigny (Seine-Saint-Denis) qui instruit le dossier du crash. Les deux légistes ont remis leur rapport au magistrat le 15 juillet. Ils écartent l'utilisation d'un explosif, confirmant ainsi leurs conclusions rendues depuis fin 2005.

    « Une pression considérable »

    « On est allé au bout des recherches. Ce rapport règle l'hypothèse d'une explosion liée à un acte terroriste », réagit Me Collard. Les deux experts devaient rechercher sur les fragments de corps des victimes la présence éventuelle de traces significatives de brûlures ou d'explosifs. Les légistes ont constaté que leur face interne étaient criblée de « minuscules particules » provenant de la désintégration de l'avion. Ils n'ont relevé ni « criblages externes », ni « brûlures cutanées », ni « lésions de souffle ». « Ce qui permet d'écarter l'hypothèse de l'utilisation d'un explosif externe aux corps », concluent les légistes. Ils indiquent aussi que les explications fournies par un expert en mécanique des fluides sur les conséquences du choc de l'avion à son entrée dans l'eau permettent de comprendre les lésions observées. « Au moment de l'impact, l'aéronef a été soumis à une pression considérable avec projection à l'intérieur de la carlingue de l'eau à très haute vitesse avec effet coupant et perforant », écrivent-ils.

    La décélération brutale a projeté en avant les passagers et l'équipement de l'avion, broyant et déchiquetant les corps.

    « Dans le dossier pénal, il y a pourtant les photos de plusieurs corps intacts, relève Laurent Jouault. Comment est-ce possible ? »

    Ces conclusions ont été transmises au juge une semaine après la remise du rapport d'étape qui souligne le manque d'expérience et l'insuffisante formation des pilotes du Boeing dans lequel ont péri 148 personnes, dont 134 Français. Révélé mardi par notre journal, ce document pointe aussi des manquements de la compagnie égyptienne Flash Airlines. Il conforte la première expertise, de début 2008, selon laquelle l'accident aurait pu être évité si « l'équipage avait réagi avec suffisamment de rapidité et d'énergie ».