Le père d'Ophélie dénonce les lenteurs de l'enquête

Le père d'Ophélie dénonce les lenteurs de l'enquête

    Près de quatre semaines après la disparition d'Ophélie, une jeune étudiante française, partie terminer son master d'analyse financière en Hongrie, l'enquête bute toujours sur l'un des piliers du pont des Chaînes à Budapest (Hongrie). C'est là, au bord du Danube, que le 4 décembre dernier, le sac à main de la jeune fille de 22 ans a été retrouvé par des badauds vers 3 h 30, avec tous ses papiers, son téléphone portable et de l'argent à l'intérieur. Ophélie, élève de l'école supérieure de commerce de Reims, avait quitté seule la discothèque Portside de Cuba trois quarts d'heure plus tôt. Elle préférait ne pas se coucher trop tard car, le lendemain, elle devait préparer un goûter d'anniversaire pour l'une des fillettes qu'elle gardait, a-t-elle expliqué à ses amis. Ses pas l'ont mené jusqu'aux bords du Danube. Et après ? Le fleuve a été sondé, les berges passées au peigne fin mais les recherches n'ont, à ce jour, rien donné.

    « Pour nous, il est quasiment évident qu'elle a été enlevée »

    Devant les lenteurs de l'enquête, liées notamment à des problèmes de procédure, le père de la jeune fille, Francis Bretnacher, cadre expatrié en Autriche, a déposé plainte mardi à Budapest pour « restriction de liberté personnelle » et hier en France pour « enlèvement et séquestration ». Sa démarche « donne à la police française le cadre juridique dont elle a besoin pour obtenir des informations auxquelles les Hongrois n'ont pas encore eu accès. Ils hésitent, en effet, à passer sous le régime judiciaire, faute de preuve formelle qu'il s'agisse bien d'un acte criminel ».

    Avec l'ouverture de cette procédure, les Français vont pouvoir visionner les images des caméras de vidéosurveillance installées sur le trajet supposé de la jeune fille, entre la discothèque et le pont, mais aussi consulter la liste de tous les appels passés dans la zone, la nuit de sa disparition.

    Le sac à main d'Ophélie, posé au pied d'un des piliers du pont, a laissé perplexe plus d'un enquêteur, mais les parents ont d'emblée exclu la thèse du suicide. « Ma fille était très autonome. Mais elle était aussi très proche de nous, de sa mère, de ses deux frères. Il est inconcevable qu'elle ait pu commettre l'irréparable », assure son père. Ophélie se faisait d'ailleurs une joie de rejoindre sa famille à Vienne où elle avait décroché un stage chez Mazars, un cabinet d'audit, pour les six prochains mois.  Aurait-elle pu faire une mauvaise chute ? « La balustrade lui arrive à hauteur de poitrine. Pour tomber du pont, il faut que quelqu'un vous aide. Pour nous, il est quasiment évident qu'elle a été enlevée », insiste Francis Bretnacher.

    « Le pire n'est pas certain »

    Inlassablement, ses proches ont donc continué à placarder des appels à témoins dans tout Budapest dans l'espoir qu'un témoin se manifeste. La famille a promis une récompense de 2 millions de forints (7 700 â?¬) pour toute information susceptible de faire avancer l'enquête. Les agences de voyages et les compagnies aériennes ont aussi été sollicitées. « Mais faute de procédure judiciaire, elles refusaient jusqu'à présent de coopérer », regrette le père, qui espère que le dépôt de plainte changera la donne. « Le pire n'est pas certain. Alors, nous n'avons pas d'autre choix que de continuer à nous battre. »