Le procès de l’attentat du Bardo encore reporté

La défense des accusés a contesté la légalité de la retransmission vidéo organisée entre la France et la Tunisie, au grand dam des victimes. La date du 25 janvier aurait été fixée pour l’examen du dossier.

 Le 18 mars 2015 à Tunis (Tunisie), deux terroristes armés de kalachnikovs avaient fait un carnage au musée du Bardo. Une attaque revendiquée par Daech.
Le 18 mars 2015 à Tunis (Tunisie), deux terroristes armés de kalachnikovs avaient fait un carnage au musée du Bardo. Une attaque revendiquée par Daech. AFP/Ministère de l’Intérieur tunisien

    L'ouverture du procès de l'attentat du musée du Bardo ce mardi matin à Tunis (Tunisie) a tourné au fiasco. Après quatre heures de débats tumultueux, le président de la 5e chambre criminelle a décidé de reporter l'audience - un énième report, trois ans après cette attaque terroriste qui avait causé la mort de 22 personnes le 18 mars 2015. Citant le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis, le site de la radio locale Mosaïque FM a plus tard indiqué que la date choisie pour l'examen du dossier serait le 25 janvier prochain. Ce qu'ignoraient les parties civiles françaises en fin de journée.

    Selon nos informations, la défense des 25 accusés a soulevé la non-conformité, en droit tunisien, de la vidéotransmission organisée entre Paris et Tunis pour permettre aux rescapés et aux proches des victimes françaises (quatre morts, onze blessés) de suivre les débats. « C'était une catastrophe en termes d'organisation, et au final, c'est un naufrage ! », déplore Me Philippe de Veulle, avocat de cinq d'entre elles, présent dans la salle dédiée du palais de justice de Paris ce matin. Les 22 accusés incarcérés (trois comparaissaient libres, les autres sont en fuite) ont du coup refusé de quitter leurs cellules et étaient absents à l'audience, précise-t-il.

    «Les victimes ont été complètement oubliées»

    Parmi la poignée d'avocats et de représentants des victimes françaises qui ont fait le déplacement à Tunis se trouvait Sophia Seco, codirectrice de la Fédération nationale des victimes d'attentats (Fenvac). « Nous sommes surpris, déçus et frustrés : cette retransmission vidéo que la Délégation interministérielle à l'aide aux victimes présentait comme une initiative novatrice et négociée se retourne contre les victimes ! Le jour J, on se rend compte que son principe n'est pas validé par toutes les parties ! », s'étonne-t-elle. Elle s'interroge : « Les avocats de la défense ont-ils réellement découvert ce dispositif au dernier moment ? Ou ont-ils feint l'ignorance pour en prendre prétexte ? »

    Reste ce sentiment, amer, qui laisse « de la colère » : hormis l'appel des parties civiles effectué à l'ouverture du procès, « les victimes ont été complètement oubliées, insiste Sophia Séco, et le fond du dossier toujours pas abordé ».