MAM «sans pitié» avec les trafiquants

MAM «sans pitié» avec les trafiquants

    La cité des «4.000» à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) était placée sous haute surveillance policière lundi et ses trafiquants de drogue rendus responsables par la ministre de l'Intérieur des tirs à l'arme de guerre essuyés au cours du week-end par un fourgon de police.

    «Je serai sans pitié à l'égard des trafiquants et de ceux qui se sont permis d'attaquer les policiers», a déclaré lundi Michèle Alliot-Marie, en déplacement à Bobigny pour témoigner son soutien aux policiers.

    «L'intensification de la lutte contre le trafic de drogue dans ces quartiers dérange les trafiquants (...) Affaiblis par votre action, ils font preuve de beaucoup plus de violence envers les forces de police», a-t-elle ajouté.

    Renforts de CRS

    Dans la nuit de samedi à dimanche, quatre policiers convoyant des gardés à vue vers l'hôpital de Bondy ont essuyé des tirs de kalachnikov de calibre 7,62 mm après avoir été bloqués par deux voitures à l'entrée de l'autoroute A 86. Il n'y a pas eu de blessés.

    Les deux gardés à vue, dont l'un s'est échappé avant d'être rattrapé, avaient été interpellés samedi soir après des tirs de grenaille essuyés par d'autres policiers dans la cité HLM des «4.000», que Nicolas Sarkozy avait promis de «nettoyer» au «kärcher» en juin 2005, après la mort d'un enfant de 11 ans dans une fusillade.

    Depuis dimanche, une compagnie de CRS supplémentaire (70 hommes) a été envoyée dans le département et une quarantaine de policiers parisiens (compagnie de sécurisation et brigade anti-criminalité) ont été déployés aux «4.000» en renfort des effectifs locaux, dans la soirée notamment.

    Les deux interpellés, et un troisième jeune arrêté avec eux, «sont des trafiquants de stupéfiants de bon niveau», selon le commissaire de La Courneuve Jérôme Clément. Selon une source judiciaire, l'un d'entre eux a été condamné pour des vols aggravés. Un autre n'a jamais été condamné. Ils sont âgés de 22 à 24 ans.

    «Escalade préoccupante dans la violence»

    Leur garde à vue, dans les locaux de la police judiciaire chargée par le parquet d'une enquête pour «tentative de meurtre en bande organisée» et «tentative d'évasion en bande organisée», peut durer 96 heures.

    A mesure que la rénovation urbaine avance aux «4.000», «les trafiquants sentent qu'ils perdent une partie de leur territoire. Cela augmente objectivement les tensions», observe le maire PCF de la ville Gilles Poux. Dénonçant une «escalade préoccupante dans la violence qui n'a plus rien à voir avec la petite délinquance mais avec le banditisme», il a réclamé des «moyens» policiers supplémentaires, d'investigation notamment.

    De son côté, le député PS de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone a réitéré sa demande d'un «plan de rattrapage» pour les commissariats du département où il manque d'après lui 400 policiers.

    Selon Michèle Alliot-Marie, le département comptait fin avril «4.688 policiers», «216 de plus qu'en 2002». La délinquance de proximité a chuté de 10% aux «4.000» entre l'arrivée d'une Unité territoriale de quartier (Uteq) en avril 2008 et janvier 2009, selon le ministère de l'Intérieur.