Marseille : trois morts dans l’incendie d’un immeuble, la «piste criminelle» privilégiée

Piégées par les flammes, quatre personnes ont sauté de l’immeuble, trois sont mortes, a indiqué une source policière. L’enquête s’oriente vers «une piste criminelle» a annoncé le parquet.

Trois hommes ont péri et un enfant de deux ans a été grièvement blessé samedi dans l'incendie d'un immeuble en partie squatté à Marseille. AFP/Clément Mahoudeau
Trois hommes ont péri et un enfant de deux ans a été grièvement blessé samedi dans l'incendie d'un immeuble en partie squatté à Marseille. AFP/Clément Mahoudeau

    Le bilan humain est lourd. Trois hommes ont perdu la vie à Marseille (Bouches-du-Rhône) tôt ce samedi matin dans l’incendie d’un immeuble appartenant à un bailleur social mais en partie squatté, a indiqué la police. Piégées par les flammes, quatre personnes ont sauté de l’immeuble, trois sont mortes, selon une source policière. Deux autres personnes ont été blessées, dont un enfant de deux ans, et huit autres ont été intoxiquées. Les trois hommes qui ont trouvé la mort sont des migrants sans papiers, a indiqué une source judiciaire. L’enfant est lui hospitalisé, entre la vie et la mort.

    L’incendie a pris dans les parties communes est désormais circonscrit. Le parquet, en charge de l’enquête, a indiqué samedi après-midi privilégier la « piste criminelle ». « Nous avons au moins l’existence de deux départs de feu, l’un au sixième étage, l’autre dans la cage d’escalier. Ce qui nous fait partir sur une piste criminelle », a déclaré la procureure lors d’un point presse. « Il y a un point de deal (de drogue) notoire ici et il y a des tensions entre les habitants et les trafiquants », avait relevé, plus tôt, la préfète de police Frédérique Camilleri

    Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a présenté sur Twitter ses « condoléances aux familles des victimes décédées », remerciant au passage les marins-pompiers de Marseille « pour leur action depuis le milieu de la nuit ».

    L’incendie terminé, des habitants relogés

    « L’incendie est terminé. Le travail d’évacuation et de relogement des habitants a commencé », avait de son côté indiqué la préfecture des Bouches-du-Rhône, plus tôt dans la journée, sans pouvoir préciser combien de personnes sont concernées par ces mises à l’abri et relogement. En fin de matinée, des draps noués pendant d’un des étages de ce bâtiment rappelaient le drame qui s’est noué et les tentatives des habitants de fuir les flammes. Femmes et enfants sont mis à l’abri en priorité dans une salle d’accueil improvisée par l’ONG Médecins du Monde et Sara Logisol, équipe mobile d’aide qui travaille avec le 115.

    Le feu a surpris les résidents dans les parties communes autour de 5h30 du matin dans la cité des Flamants dans le XIVe arrondissement de la ville, précise France Bleu Provence. Le drame a suscité des tensions sur place avec les habitants mais vers 09h30 le calme était revenu, selon la police.

    Des difficultés « pour reloger les familles »

    La cité des Flamants, qui se présente comme le premier office HLM de la région avec 33 500 logements gérés, doit être démolie dans les prochaines semaines, pour être reconstruite et réhabilitée. L’immeuble « aurait dû être détruit il y a quelques mois mais le projet prend du retard face aux problèmes pour reloger les familles locataires », a indiqué un porte-parole de 13 Habitat, propriétaire de la résidence. Au moment de l’incendie, il restait au total 14 locataires dans l’immeuble.

    « Des migrants, pour la plupart d’origine nigériane, squattent en parallèle des logements vides », selon 13 Habitat. « L’objectif désormais va être de proposer le relogement des familles locataires réticentes à l’hôtel » dans l’urgence, a-t-il ajouté. La préfecture a précisé que la mairie de Marseille était également mobilisée pour proposer une mise à l’abri aux personnes sans titre locatif qui vivaient dans cet immeuble.

    « S’il reste à déterminer l’origine du drame, ce que l’enquête éclaircira, il n’en demeure pas moins que la situation invivable des squats connus dans les logements depuis de nombreux mois et années génère aux Flamants comme dans d’autres cités de Marseille une dangerosité et des risques importants pour les habitants et les occupants », a estimé dans un communiqué Samia Ghali, adjointe du maire de Marseille pour l’Égalité des territoires.