Pompiers : des agressions plus nombreuses et mieux signalées

Selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, les agressions déclarées par les sapeurs-pompiers en 2017 sont en hausse de 23 %.

 2813 soldats du feu ont déclaré avoir été agressés au cours d’une intervention, en 2017. (Illustration)
2813 soldats du feu ont déclaré avoir été agressés au cours d’une intervention, en 2017. (Illustration) LP/Arnaud Journois

    « Moins de tolérance » et un « refus de la banalisation de certains actes » : c'est ainsi que Christophe Soullez, responsable de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), explique l'augmentation des déclarations d'agression par les sapeurs-pompiers en 2017. Au total, 2813 soldats du feu ont rapporté avoir subi une agression au cours d'une intervention en 2017, soit 23 % de plus qu'en 2016 (2280 déclarations).

    Pour expliquer cette hausse, Aurélien Langlade, responsable des études criminologiques et adjoint au chef de l'ONDRP, formule trois hypothèses. Tout d'abord, l'augmentation réelle des agressions des sapeurs-pompiers. Ensuite, « l'abaissement du seuil d'acceptabilité » des violences : les sapeurs-pompiers tolèrent de moins en moins ces brutalités et refusent qu'elles se banalisent. La troisième hypothèse, une « meilleure remontée de l'information », complète les précédentes. Les sapeurs-pompiers sont davantage sensibilisés par leur hiérarchie à la « nécessité de mieux déclarer les faits ».

    La Nouvelle-Aquitaine est la région la plus touchée avec 527 personnels agressés pendant une mission en 2017, alors que cette région ne représente que 8 % des interventions en France. L'hypothèse d'Aurélien Langlade pour expliquer ce phénomène serait justement une meilleure remontée de l'information dans cette région. Ici, ces chiffres illustreraient donc plutôt une augmentation des déclarations qu'une augmentation des agressions. Par ailleurs, cette région enregistre le plus faible taux de plaintes : seule une agression sur cinq a fait l'objet d'un dépôt de plainte à la police. Cela est dû, selon Christophe Soullez, à la « faible intensité » des actes déclarés. Suffisamment graves pour être déclarés mais pas assez pour faire l'objet d'une plainte.

    Des territoires plus respectueux envers les pompiers

    En Corse en revanche, aucune déclaration d'agression n'a été recensée. Aurélien Langlade précise que cela ne signifie pas qu'il n'y a aucune violence dans cette région : il n'y a simplement pas de remontée d'information. Pour autant, selon lui, le chiffre réel pourrait ne pas être élevé.

    Pour interpréter cela, Christophe Soullez mentionne « l'attachement aux services publics et le sens civique plus fort que sur certains territoires de France métropolitaine. Les phénomènes de violences urbaines sont quasiment inexistants » en Corse, or dans la plupart des cas, les agressions de pompiers « ont lieu dans les quartiers sensibles ».

    À l'échelle nationale, si les déclarations d'agression ont été plus nombreuses en 2017 qu'en 2016, Christophe Soullez salue une « baisse des actes qui ont donné lieu à un arrêt de travail ». Le nombre de journées d'arrêt de travail ordonnées à la suite d'agressions a effectivement diminué : 955 journées d'arrêt ont été prescrites en 2017, contre 1613 en 2016. Ces chiffres ne sont donc pas proportionnels au nombre d'agressions déclarées, mais à leur « intensité ».