Procès AZF : le récit des premiers secours

Procès AZF : le récit des premiers secours

    Après une semaine de bataille juridique, le procès de l'explosion de l'usine AZF, ouvert le 23 février, a véritablement débuté ce mardi avec le récit concret des services de secours sur la catastrophe qui a fait 31 morts et des milliers de blessés le 21 septembre 2001.

    Le sol qui gronde dans Toulouse à 10 h 17, suivi une poignée de secondes plus tard d'un «bang» pétrifiant jetant à bas les vitres dans la moitié de la ville, «le paysage de guerre» et la panique, dix jours après les attentats du 11 septembre à New York. «La déflagration était telle que chacun a cru à une explosion à sa porte», expliquait alors le chef des pompiers, le colonel Claude Donin.

    Le risque d'explosion d'AZF n'était pas prévu dans les plans d'intervention

    «Le centre d'appel a été saturé d'informations sur de multiples explosions, on a dû trouver le site en suivant un nuage jaunâtre», a précisé mardi Jean-Louis Auriac, alors lieutenant-colonel de pompiers, l'un des premiers sur les lieux.  Il a rappelé la prise en charge de dizaines d'ouvriers d'AZF et de l'usine voisine SNPE, «prostrés, hébétés», «la crainte d'un sur-accident qui impliquait d'évacuer rapidement le plus grand nombre de personnes».

    «On s'est d'abord sentis impuissants, puis il y a eu une montée en puissance des moyens qui ont permis d'extraire des gens vivants des décombres», a-t-il ajouté en rendant hommage à l'aide des salariés. Il a expliqué les tâtonnements du début en précisant que «le risque d'explosion d'AZF n'était pas un scenario retenu» dans les plans d'intervention.

    «Ordres et contre-ordres judiciaires»

    Interrogé par les avocats d'anciens salariés, soucieux d'une possible altération de la scène de l'explosion, Jean-Louis Auriac s'est contenté de déclarer : «L'après-midi, il y avait beaucoup de monde, policiers, journalistes, personnalités, ce n'était pas sain». Il a aussi fait état d'atermoiements pendant quelques heures sur l'opportunité de déplacer les corps, «avec des ordres et des contre-ordres judiciaires».  Les experts, la défense et les parties civiles entre elles se déchirent depuis sept ans sur les causes de l'accident.

    La thèse officielle évoque un mélange malencontreux, favorisé par des négligences, d'une substance chlorée avec du nitrate d'ammonium. La défense et d'anciens salariés de l'association «Mémoire et Solidarité» estiment que toutes les pistes, dont l'hypothèse terroriste, n'ont pas été suffisamment exploitées.