Corse : ses assassins s'étaient cachés dans des coffres

L'ex-nationaliste corse Antoine Nivaggioni avait été abattu à Ajaccio en 2010. Six suspects sont renvoyés devant une cour d'assises

    Son assassinat avait été orchestré comme une opération commando. Le 18 octobre 2010, Antoine Nivaggioni a été criblé de balles par deux tueurs alors qu'il sortait du domicile d'une de ses amies à Ajaccio (Corse-du-Sud). Six hommes, soupçonnés d'avoir pris part à cet assassinat, viennent d'être renvoyés devant la cour d'assises.

    Le jour des faits, vers 8 h 40, boulevard Sylvestre-Marcaggi, la victime, ancien membre du mouvement pour l'autodétermination (MPA), très proche d'Alain Orsoni — l'ex-président du club de football d'Ajaccio — est surprise par deux inconnus, armés d'un fusil d'assaut kalachnikov, d'un fusil de chasse et d'un pistolet automatique. Antoine Nivaggioni, ancien patron de la Société méditerranéenne de sécurité (SMS), décrit comme « extrêmement prudent », n'a pas le temps de s'emparer du pistolet de calibre 9 mm qu'il porte sur lui. Ses assassins, sortis des coffres du toit et arrière d'une Renault Mégane, font feu à de multiples reprises dans sa direction avant de prendre la fuite. La voiture utilisée par les auteurs des faits est retrouvée incendiée, dans un parking souterrain situé à quelques centaines de mètres.

    Les premiers témoignages recueillis apprennent aux enquêteurs de la police judiciaire d'Ajaccio que la victime avait échappé de justesse à ses tueurs quelques mois plus tôt. Le 11 mai 2010, un gendarme en vacances avait alerté la police après avoir aperçu deux hommes encagoulés, armés d'un fusil d'assaut, à l'endroit même où Antoine Nivaggioni sera abattu six mois plus tard. Très vite, les policiers découvrent qu'un logement situé juste en face de l'immeuble d'où sortait la victime a été loué par un proche de Jacques Santoni, 38 ans, un des six accusés renvoyés devant la cour d'assises.

    Le parrain de la bande du Petit Bar soupçonné d'être le commanditaire

    Présenté comme le parrain de la bande dite du Petit Bar, du nom d'un café d'Ajaccio, Jacques Santoni, devenu tétraplégique après un accident de moto en 2003, est soupçonné d'avoir été le commanditaire de cette sanglante opération. Lui s'est toujours dit totalement « étranger » à cette affaire. « Je ne connaissais pas personnellement Antoine Nivaggioni, a-t-il déclaré aux enquêteurs. Je le connaissais évidemment de réputation. J'ai appris par les journaux une histoire d'appartement et mon implication [...] là-dedans. » Interrogé, Alain Orsoni avait expliqué aux policiers avoir eu une discussion avec Antoine Nivaggioni après les faits du 11 mai 2010. « Nous avons tenté d'imaginer d'où ça pouvait venir. Pour lui, il n'y avait pas de doute possible, cela ne pouvait venir que du Petit Bar, avait confié l'ancien membre du MPA. Il n'avait pas de nom en particulier. Nous n'avions aucun élément concret et précis. »

    « Je ne suis absolument pas contrarié d'aller aux assises dans cette affaire, ironise M e Pascal Garbarini, l'avocat de Jacques Santoni. Aucune diligence n'a été accomplie pour connaître les raisons pour lesquelles la victime bénéficiait d'un dossier secret-défense, et dont la levée nous a été refusée. Cela permet d'éviter de parler d'autres pistes criminelles qui n'ont pas été explorées. »