« Tout notre espoir repose sur l'ADN »

GENEVIEVE DUMONT, mère de Sabine, tuée et violée en 1987 dans l'Essonne

« Tout notre espoir repose sur l'ADN »

    Vingt-deux ans après les meurtres non élucidés de quatre fillettes, survenus en Ile-de-France mais ressortissant de juridictions différentes, les quatre juges d'instruction en charge de ces dossiers, toujours ouverts, se sont rencontrés avant-hier à Meaux (Seine-et-Marne) pour échanger leurs informations. Alors que leurs enquêtes respectives stagnent depuis des années, ces juges venus de Bobigny (Seine-Saint-Denis), Nanterre (Hauts-de-Seine), Evry (Essonne) et Meaux (Seine-et-Marne) planchent désormais sur une nouvelle piste. Les services de police qui enquêtent sur les décès de Virginie Delmas, Hemma Greedharry, Perrine Vigneron et Sabine Dumont, survenus en mai et juin 1987, se demandent si Raymond Guardo ne serait pas l'auteur de ces meurtres. Cet homme, décédé en 1999, avait abusé de Lydia, sa fille adoptive, pendant près de trente ans et lui avait fait six enfants. Les policiers ont noté plusieurs points communs entre l'histoire de Lydia et celle des fillettes. Ils devraient procéder à une exhumation du corps de Raymond Guardo pour y prélever son ADN. Peut-être la fin de vingt-deux années de calvaire pour Geneviève Dumont, la mère de Sabine, retrouvée morte après avoir été violée le 28 juin 1987 à Vauhallan (Essonne).

    Quand avez-vous entendu parler de Raymond Guardo pour la première fois ?

    Geneviève Dumont. Lors d'une émission télévisée où sa fille Lydia a témoigné pour évoquer les sévices qu'il lui a fait endurer. Mais nous n'avions fait aucun rapprochement entre ce que cet homme avait fait à sa fille et la mort de la nôtre.

    Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris qu'il pourrait être le tueur de Sabine ?

    Avec prudence. Pour l'instant, nous estimons que cela ne colle pas très bien avec le scénario de la mort de notre fille. De toute manière, des pistes, en vingt-deux ans d'enquête, il y en a eu beaucoup, sans qu'aucune n'aboutisse. C'est aussi pour cela que nous restons prudents. Désormais, tout notre espoir repose sur les expertises ADN. En 1999, la police a identifié une empreinte ADN sur les vêtements de notre fille. Nous sommes persuadés qu'il s'agit de celle de son assassin. Des centaines de comparaisons ont déjà été faites, le SRPJ de Versailles a beaucoup travaillé, en vain jusqu'à présent.

    Aujourd'hui, nous attendons donc que le corps de Raymond Guardo soit exhumé, que l'on prélève son empreinte génétique et qu'on la compare avec celle retrouvée sur Sabine. Si son ADN le désigne comme le tueur de ma fille, je pourrai enfin tourner la page.

    Même en sachant que, du fait de sa mort, il n'y aura jamais de procès ?

    Sur ce sujet, nous avons des réactions différentes dans la famille. Moi, par exemple, j'aurais préféré qu'il y ait un procès, afin de pouvoir regarder droit dans les yeux l'assassin de ma fille. En revanche, l'une de mes autres filles, elle, ne supporterait pas l'idée de se retrouver face à cet hommeâ?¦

    Et si ce n'est pas lui ?

    Si ce n'est pas lui, cela aura au moins eu le mérite de faire se réunir ces juges et on continuera de travailler et d'espérer. Je ne cesse de répéter que le tueur de Sabine avait une famille, un entourage et qu'un jour, quelqu'un finira par parler.