Un carnet à 8 millions d'euros volé au musée Picasso

Un carnet à 8 millions d'euros volé au musée Picasso

    C'est un petit carnet rouge de 16 centimètres sur 24, qui vaut 8 millions d'euros. Ce cahier de dessins, qui réunit 33 croquis réalisés par le peintre Pablo Picasso entre 1917 et 1924, a disparu de la vitrine qui l'abritait, au musée qui porte son nom, rue de Thorigny, à Paris, en plein coeur du quartier du Marais (III e arrondissement).

    Un employé du musée Picasso, en réalisant hier matin à 9 h 30 l'inventaire des oeuvres du maître, a découvert, salle 9, au premier étage, une vitrine vide. Disparu, le carnet de vernis rouge, barré du mot « Album » tracé en lettres d'or. Mais étrangement, aucune trace d'effraction n'est apparente alors que, comme le souligne le ministère de la Culture et de la Communication, l'inestimable cahier était censé être « conservé dans une vitrine fermée, dont l'ouverture ne peut se faire qu'à l'aide d'outils spécifiques ». A-t-on omis de la verrouiller ? Les enquêteurs de la brigade de répression du banditisme (BRB), notamment spécialisés dans le trafic et le vol des oeuvres d'art, tentent d'éclaircir ce point primordial.

    Une sécurité fragilisée

    Seule certitude, le vol, probablement perpétré dans la nuit de lundi à mardi, semble ne pas avoir donné trop de mal à son auteur : le musée Picasso, qui est abrité dans un hôtel particulier du XVII e siècle, ne bénéficie ni d'alarmes ni de caméras de vidéosurveillance, tout au moins dans la section où était exposé le carnet de dessins. Il subit, en outre, d'importants travaux de rénovation depuis 2006, qui semblent sérieusement fragiliser la sécurité. Hier, le musée avait renoncé à sa traditionnelle fermeture du mardi, pour ouvrir exceptionnellement ses portes aux habitants du III e arrondissement.

    Sur invitation, entre 2 000 et 2 500 personnes ont pu venir admirer gratuitement les collections. Un « cadeau » fait aux riverains avant que le musée ne ferme au mois de juillet pour deux ans de travaux, au cours desquels la sécurité des lieux devrait être totalement repensée. Après l'annonce de la disparition du carnet, les visites ont simplement été un peu écourtées mais le cocktail prévu pour clore cette journée portes ouvertes a été maintenu. Entièrement restauré et aménagé par l'architecte Roland Simounet, l'hôtel particulier accueille depuis 1985 le musée Picasso, et renferme la plus riche collection d'oeuvres du peintre espagnol décédé en 1973 : 251 peintures, 160 sculptures, 500 dessins et 58 carnets, notamment. Des oeuvres extrêmement difficiles à revendre.