Avec 75,9% de médecins victimes de violences, les praticiens libéraux d’Occitanie réclament une meilleure protection

L’Union régionale des professionnels de santé a interrogé 441 médecins libéraux et le résultat de son étude est alarmant : 75,9% ont connu des violences ces trois dernières années, même en milieu rural. La difficulté d’accès aux soins exacerberait ces actes.

Pour réaliser son étude, l’Union régionale des professionnels de santé d’Occitanie a sondé 441 médecins libéraux sur les violences qu’ils subissent au quotidien. Illustration LP/Olivier Corsan
Pour réaliser son étude, l’Union régionale des professionnels de santé d’Occitanie a sondé 441 médecins libéraux sur les violences qu’ils subissent au quotidien. Illustration LP/Olivier Corsan

    « Je vois les chiffres évoluer négativement depuis des années et, au-delà de la gravité des faits, d’un point de vue individuel, je suis inquiet par rapport à l’accès collectif aux soins puisque le nombre de médecins diminue de semaine en semaine », déplore Cyrille Chaugne, généraliste et président de SOS Médecins à Toulouse (Haute-Garonne), ainsi qu’élu à l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) d’Occitanie. L’instance a réalisé en février un état des lieux auprès de 441 médecins libéraux de la région. Il révèle que près de 95% des médecins libéraux interrogés affirment avoir eu « à gérer » des situations de violence.

    La majorité des médecins libéraux de la région ayant répondu à ce sondage sont des femmes et travaillent en cabinet de groupe en milieu semi-rural. 75,9% des médecins ont déjà été victimes de violence sur ces trois dernières années, dont 30% plusieurs fois par an. Ils sont 310 à avoir subi des atteintes à leur personne : violence verbale, physique ou psychologique.

    Les soins à domicile peu à peu abandonnés

    Le désert médical et le désarroi des patients sont pointés par les professionnels. « Cela fait partie de la réalité de l’exercice tous les jours, même dans la ruralité, assure Cyrille Chaugne qui a lui-même déjà été agressé lors d’une visite de nuit à un domicile du centre de Toulouse. Les patients ont du mal à accéder aux soins donc quand on arrive, ils sont déjà énervés mais cela ne justifie pas d’être agressif ou violent. Les médecins finissent leur carrière sans successeur ce qui accentue le problème. Il faut sanctuariser les soins ». Les conséquences de ces violences montrent que 12,6% des médecins ont décidé de réduire ou d’arrêter les gardes et 10,3% n’assurent plus de consultation à domicile.



    L’étude révèle aussi le manque de sanctions judiciaires et la difficulté des médecins touchés à porter plainte. Seuls 18% poussent la porte du commissariat. Souvent, leurs plaintes sont classées sans suite ou les médecins ne sont pas tenus au courant des poursuites engagées. « Il m’est arrivé d’appeler la police pour un collègue agressé mais personne n’est venu, déplore Cyrille Chaugne. Quand j’ai été moi-même agressé, j’ai porté plainte au commissariat puis j’ai été convoqué au tribunal mais l’agresseur n’était pas présent. Le jugement a été reporté et depuis je n’ai plus de nouvelles. Pour épauler les médecins, il faut un référent judiciaire pour le suivi, ce qui est prévu par la loi mais n’est pas appliqué ».

    L’Union régionale des professionnels de santé note également que les médecins hospitaliers victimes de violence sont mieux pris en charge par les autorités judiciaires puisque c’est une circonstance aggravante pour l’agresseur. L’instance dénonce un deux poids, deux mesures et réclame une meilleure protection des médecins libéraux par les autorités.