Le combat sans fin d'Emile, l'expulsé de 82 ans

Le combat sans fin d'Emile, l'expulsé de 82 ans

    Des malles et des cartons de documents aux quatre coins de la pièce. Juste un lit pour dormir et une kitchenette pour préparer ses repas. Pour Emile Baudot, 82 ans, en septembre prochain, le coup est rude à encaisser. Expulsé en 2006 de la maison de 250 m 2 qui l'a vu naître, villa Marie-Justine à Boulogne-Billancourt, le retraité loge désormais dans un studio où s'entassent ses souvenirs. Mais Emile n'a pas renoncé à se battre pour obtenir justice. Un combat qui dure depuisâ?¦ 1967. « Et oui, ça fait plus de quarante ans que je me bats, relève l'octogénaire, non sans humour. Des avocats, des notaires et des liquidateurs, j'en ai connu. Certains sont à la retraite, d'autres sont mortsâ?¦ et moi je suis encore là, mais pour combien de temps ? Je commence à être fatigué par toutes ces histoires. »

    L'histoire est complexe. « Ã?a n'allait pas avec mon beau-frère. Il était en même temps client et concurrent de l'entreprise de fournitures pour pâtissiers que je dirigeais. En 1967 précisément, la société a été liquidée », explique le vieil homme. Le problème, c'est que la maison de famille de Boulogne appartenait à l'entreprise. Depuis, les créanciers réclament la vente de ce bien. « Comment une société liquidée en 1967 peut-elle encore posséder cette maison dont on m'a m'expulsé », s'interroge Emile Baudot ? Le résultat est là : en 2006, après quatre décennies de combats juridiques, Emile a dû quitter les lieux. La maison bourgeoise du XIX e siècle a été vendue par la justice, « à vil prix », précise Emile. Pour autant, Emile Baudot ne lâche pas le morceau. Récemment, il mettait en cause certains acteurs de la liquidation et de ses suites en déposant une plainte à la gendarmerie. « C'est curieux, quand je suis allé au tribunal de Nanterre, ils avaient perdu mon dossier. Comme par hasard ! » ironise-t-il.

    « J'arrêterai quand je serai mort »

    Infatigable dans sa bataille, le retraité fouine, décrypte. « Pour la maison, on me demande 250 000 â?¬ d'indemnités d'occupation, explique-t-il. Mais, si elle a été vendue 700 000 â?¬ alors qu'elle était évaluée entre 1,5 et 1,8 million Mâ?¬ , où est passé l'argent de la vente ? » Tenace, Emile Baudot continue d'écrire ici et là. Sans l'aide d'un avocat : « On me saisit une bonne partie de mes 2 000 â?¬ de retraite pour rembourser des crédits à la consommation que j'ai pris pour les payer. Du coup, je n'ai pas droit à l'aide juridictionnelle. » Même s'il est fatigué, Emile Baudot se dit prêt à poursuivre son combat pour obtenir justice : « J'arrêterai quand je serai mort », annonce-t-il.