Riad des Balkany : comment Alexandre a tenté en vain de couvrir ses parents

Levallois, 2014.  Alexandre Balkany, ici avec son père Patrick, député-maire (LR) de Levallois, est mis en examen pour avoir produit « deux contrats de bail fictifs » au bénéfice de ses parents.
Levallois, 2014. Alexandre Balkany, ici avec son père Patrick, député-maire (LR) de Levallois, est mis en examen pour avoir produit « deux contrats de bail fictifs » au bénéfice de ses parents. (MAXPPP/Christophe Petit-Tesson.)

    « J'en tombe de ma chaise ». C'est la réponse faite le 4 mai dernier par Alexandre Balkany devant le juge d'instruction parisien qui l'interrogeait sur l'incohérence de dates entre les contrats de location, signés à compter de mars 2011 pour le riad de Marrakech — la fameuse villa Dar Gyucy dont ses parents nient être les propriétaires — et les 41 000 € d'achats de meubles pour cette même résidence effectués par Isabelle Balkany… en juillet 2009.

    Si la mise en examen du fils du député-maire (LR) de Levallois Patrick Balkany pour « blanchiment de fraude fiscale » avait été révélée avant l'été, les raisons exactes restaient encore floues. Mediapart vient de révéler que les ennuis d'Alexandre sont directement liés au riad marocain.

    Il affirme qu'il ignorait louer le riad au plus fidèle collaborateur de son père

    Selon un document judiciaire que Le Parisien a pu consulter, l'intéressé aurait tenté de couvrir ses parents en apportant « son concours à une opération de placement, de dissimulation ou de conversion du produit direct ou indirect du délit de fraude fiscale en signant avec la SCI Dar Gyucy deux contrats de bail fictifs les 16 mars 2011 et 24 avril 2014 […] Ces opérations n'ayant d'autres fins que de permettre à Patrick et Isabelle Balkany de dissimuler le fait qu'ils en sont les véritables propriétaires ».

    Face au juge, le jeune entrepreneur de 36 ans a eu bien des difficultés à justifier certains points. A commencer par le nom Dar Gyucy, qui, hasard incroyable, correspond pour les trois premières lettres au prénom de son fils et pour les deux dernières lettres à celui de la fille de sa sœur.

    Dans la série « que le monde est petit », Alexandre a également assuré ignorer que Jean-Pierre Aubry, le plus fidèle collaborateur de son père, était l'ayant droit économique de la société panaméenne propriétaire à 99 % de la SCI Dar Gyucy.

    Le juge s'étonne que le propriétaire lui ai fait cadeau de la moitié des loyers

    Pour sa défense, Alexandre Balkany a néanmoins justifié le versement de 160 000 € à la SCI depuis 2011. Mais pour le juge, ce montant est inférieur aux loyers théoriques. La dette serait de quelque 80 000 €. Le juge s'étonne donc que le propriétaire ait fait cadeau de la moitié des loyers sur le premier contrat avant de renouveler le bail en 2014 et ce sans la moindre mise en demeure.

    Dans cette affaire, les tentatives d'Alexandre pour couvrir ses parents lui auront coûté très cher. Il en effet a dû régler une caution de 100 000 € assortie d'un contrôle judiciaire lui interdisant de se rendre au Maroc, en Suisse, au Liechtenstein et à Saint-Domingue.

    Cerise sur le gâteau, pour avoir notamment versé 1 M€ pour la caution de sa mère, ressortie libre de garde à vue en 2014, Alexandre a eu droit à un contrôle fiscal assorti d'une « proposition de rectification ». Il aurait en effet touché près de 1,2 M€ d'une société chypriote en 2012 et 2013, dont une partie n'aurait pas été déclarée à l'administration fiscale.