Après la météo sur France 2, Mélanie, atteinte de trisomie, veut devenir «maquilleuse des stars»

Mélanie Ségard, jeune femme atteinte de trisomie, avait réalisé son rêve mardi 14 mars en présentant la météo sur France 2, après avoir obtenu le soutien de plus de 200 000 personnes sur internet. Qu'est-elle devenue ? 

Meudon (Hauts-de-Seine), mardi 11 avril 2017. Mélanie Ségard (à droite), qui avait présenté la météo sur France 2 il y a un mois, a repris le travail dans l’Esat Suzanne Lawson. 
Meudon (Hauts-de-Seine), mardi 11 avril 2017. Mélanie Ségard (à droite), qui avait présenté la météo sur France 2 il y a un mois, a repris le travail dans l’Esat Suzanne Lawson.  LP/A.R.

    Elle a repris le cours de sa vie, loin des projecteurs. Il y a un mois, Mélanie Ségard, jeune femme de 21 ans atteinte de trisomie 21, avait fait beaucoup parler d'elle en présentant le bulletin météo sur France 2, devant plus de 5 millions de téléspectateurs. «C'est un rêve qui s'est réalisé», confie la jeune fille, qui a manifestement gardé la tête froide.

    Seulement quelques jours après son passage à la télévision, elle a repris son travail à l'Esat (Établissement spécialisé d'aide par le travail) Suzanne Lawson, à Meudon (Hauts-de-Seine). «Ça s'est très bien passé, confie Jean-Pierre Lucas, directeur adjoint du site. On s'était demandé avant son retour comment elle allait gérer la chose, comment ses collègues allaient l'accueillir… Mais tout s'est fait naturellement, il n'y a même pas eu de transition.»

    VIDEO. Trisomique, Mélanie se préparait à présenter la météo sur France 2

    Géré par l'association des Papillons blancs des Rives de Seine, l'Esat de Meudon emploie 95 personnes déficientes intellectuelles. Mélanie y travaille depuis septembre. «J'étais contente de retrouver mes collègues», sourit la jeune fille, qui «aime beaucoup» ses activités dans l'établissement.

    Ici, les travailleurs sont missionnés par près de 80 clients, essentiellement pour du conditionnement et du routage. «Le travail est un support dans l'accompagnement, précise le directeur adjoint. Pendant l'année, on établit aussi un projet individualisé avec chacun des travailleurs : quelles sont leurs difficultés, leurs envies… Puis on essaie de mettre en lien ce qu'ils proposent avec ce qu'on peut faire.»

    «C'était très émouvant de la voir à la télévision»

    Pour Mélanie, le projet «météo» était ambitieux. Et même si c'est l'Unapei, l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis, qui a organisé le rendez-vous, l'Esat a suivi. «C'est bon pour son équilibre, c'est fantastique ce qu'elle a fait», reconnaît Jean-Pierre Lucas.

    Les jours suivants sa médiatisation, d'autres travailleurs ont fait part à l'équipe du service social de leur envie de présenter, eux aussi, la météo… Comme Véronique, 48 ans, employée à l'Esat depuis neuf ans : «C'était très émouvant de la voir à la télévision, sourit-elle. J'aimerais bien essayer moi aussi». «Ça donne une bonne image des travailleurs handicapés», renchérit Jean-Michel, 59 ans. Comme d'autres travailleurs, Adeline avoue quant à elle ne pas vouloir «être médiatisée». «Je ne me sens pas prête à sortir de mes habitudes. Je suis bien ici», confie cette trentenaire.

    «Tous n'ont pas les mêmes envies et ne peuvent pas entreprendre les mêmes choses. C'est du cas par cas», précise Pauline Geujon, chef du service social. Mais cette aventure a tout de même le mérite «d'avoir ouvert une porte». «Il y a des leçons à tirer, constate Jean-Pierre Lucas. Cela montre bien qu'il ne faut pas se limiter quand un projet nous paraît irréalisable au premier abord.»

    Et Mélanie Ségard ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. «Maintenant, je peux tout faire», clame la jeune femme. Son prochain défi ? «Devenir maquilleuse pour les grandes stars !»