Bolivie : mutineries dans la police, le président Morales dénonce en coup d’Etat

Plusieurs unités ont refusé de réprimer des manifestations de l’opposition.

 Cochabamba (Bolivie, vendredi). Des policiers de cette ville se sont mutinés.
Cochabamba (Bolivie, vendredi). Des policiers de cette ville se sont mutinés. Reuters/Danilo Balderrama

    Le résultat des élections présidentielles en Bolivie plonge le pays dans une situation dangereuse. Le président Evo Morales a dénoncé vendredi un coup d'Etat « en cours » après les mutineries d'au moins trois compagnies de police. Le pouvoir exclut cependant d'envoyer l'armée.

    « Soeurs et frères, notre démocratie est en danger à cause du coup d'Etat en cours que des groupes violents ont lancé contre l'ordre constitutionnel. Nous dénonçons devant la communauté internationale cette attaque contre l'Etat de droit », a indiqué sur Twitter le président indigène de gauche à l'issue d'une réunion d'urgence avec plusieurs ministres et le commandant en chef des forces armées.

    Il demande également au peuple de rester « pacifique » et « uni » pour maintenir « le bien-être de la patrie et la paix sociale » et « prendre soin de la Constitution ». « Aucune opération militaire ne sera menée pour le moment, c'est totalement exclu », a d'ailleurs assuré le ministre de la Défense.

    Dix-sept jours après le début des manifestations contre la réélection d'Evo Morales, au moins trois unités de police se sont mutinées à Cochabamba (centre du pays), puis à Sucre (Sud) et à Santa Cruz (Est), une région riche qui est un bastion d'opposition. Des scènes de fraternisation entre policiers et manifestants de l'opposition ont été observées dans la capitale.

    En plus des mutineries dans ces trois villes, des dizaines de policiers ont défilé vendredi soir avec des manifestants de l'opposition criant des slogans hostiles à Morales sur l'avenue Prado, la principale artère de La Paz, la capitale. Des manifestants ont serré la main de policiers, un contraste avec les trois nuits précédentes où les deux camps se sont affrontés.

    « Nous nous sommes mutinés », a déclaré un policier, le visage dissimulé devant les journalistes au quartier général de l'Unité des opérations de police tactique (UTOP) à Cochabamba. « Nous allons être du côté du peuple, pas avec les généraux », a ajouté un de ses collègues, lui aussi masqué.

    Luis Fernando Camacho, le leader le plus visible et le plus radical de l'opposition bolivienne, a demandé samedi dernier aux militaires et à la police de se joindre à l'opposition dans cette crise déclenchée par la réélection controversée d'Evo Morales lors des élections du 20 octobre.

    Evo Morales, 60 ans, est au pouvoir depuis 2006. Il a été réélu le 20 octobre pour un quatrième mandat, jusqu'en 2025, mais l'opposition a dénoncé une « fraude ». La vague de contestation qui a éclaté dès le lendemain du scrutin a fait trois morts et 200 blessés.