Bolsonaro de retour au Brésil, après trois mois aux États-Unis

Bolsonaro avait déclaré la semaine dernière son intention de « parcourir le pays », et « de faire de la politique » pour défendre les valeurs ultra-conservatrices au Brésil.

Jair Bolsonaro est revenu ce jeudi au Brésil, après près de trois mois d'exil aux Etats-Unis. Reuters/Ton Molina
Jair Bolsonaro est revenu ce jeudi au Brésil, après près de trois mois d'exil aux Etats-Unis. Reuters/Ton Molina

    Il est de retour. Après un séjour de trois mois aux États-Unis, Jair Bolsonaro est rentré tôt jeudi au Brésil pour la première fois depuis sa défaite à la présidentielle contre Lula, décidé à jouer un rôle politique important.

    L’ex-président d’extrême droite, objet d’une longue série d’enquêtes, s’expose à des poursuites judiciaires avec une éventuelle inéligibilité et un possible emprisonnement, tout en compliquant la donne politique pour son successeur de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva.

    Quelque 200 sympathisants l’attendaient à l’aéroport, portant tous des drapeaux du Brésil autour de leurs épaules et chantant, au milieu d’un inhabituel déploiement policier, a constaté une journaliste de l’AFP. Mais Bolsonaro est sorti de l’aéroport sans s’adresser à eux.

    Bolsonaro veut « apporter (son) expérience »

    « On attendait ce moment depuis longtemps », a déclaré à l’aéroport Eva Malgaço, employée d’un salon d’esthétique. « Il avait besoin de ce moment pour lui, d’être loin. En tant que patriote, j’ai approuvé son départ », a-t-elle ajouté.

    Bolsonaro avait quitté le Brésil le 30 décembre, avant même la fin de son mandat, boycottant la cérémonie d’investiture de Lula le 1er janvier. « Je vais participer (à la vie politique) de mon parti, en apportant mon expérience », a-t-il dit mercredi soir à la chaîne CNN Brasil à l’aéroport d’Orlando.

    À 68 ans et après une défaite de moins de deux millions de voix qui l’avait plongé dans le mutisme, voire la dépression, Bolsonaro avait déclaré la semaine dernière son intention de « parcourir le pays », et « de faire de la politique » pour défendre les valeurs ultra-conservatrices au Brésil.

    Ce retour est accueilli avec nervosité à Brasilia où la Police militaire se tenait prête à fermer rapidement l’accès à l’esplanade des Trois-pouvoirs, au cœur de la capitale, comme à l’aéroport, en cas de débordements. Les supporters de Bolsonaro avaient été appelés sur les réseaux sociaux à l’accueillir nombreux. Le député du PL Gustavo Gayer a ainsi appelé à « un soutien solide » pour « ouvrir la voie d’un retour de Bolsonaro à la présidence ».

    Une épine dans le pied de Lula

    Sur le plan politique, « Lula va devoir maintenant gouverner avec une opposition organisée, cela pourrait faire une grande différence », avançait Jairo Nicolau, politiste à la Fondation Getulio Vargas (FGV). La période tombe d’autant plus mal pour Lula que, après avoir contracté une pneumonie, il a dû reporter cette semaine une visite d’État en Chine sur laquelle comptaient ses conseillers pour redorer son blason à la suite de diverses polémiques et déclarations intempestives.

    Bolsonaro rentre en pleine polémique sur des bijoux de luxe, d’une valeur d’au moins trois millions d’euros, reçus d’Arabie saoudite qu’il aurait fait entrer illégalement au Brésil. Il a été convoqué par la police dès le 5 avril pour une déposition. Mais il est aussi dans le collimateur de la justice pour plusieurs affaires et a perdu son immunité. Bolsonaro est notamment sous le coup de cinq enquêtes à la Cour suprême dans des affaires qui pourraient lui valoir des peines de réclusion.

    La plus récente porte sur son rôle dans les émeutes du 8 janvier contre les lieux du pouvoir à Brasilia, saccagés par des milliers de ses partisans. Les quatre autres portent sur des délits présumés durant son mandat : désinformation sur le système d’urnes électroniques ou sur le Covid. Jair Bolsonaro est également sous le coup de pas moins de 16 enquêtes au Tribunal supérieur électoral (TSE). Il pourrait être condamné à huit ans d’inéligibilité, ce qui l’empêcherait de se présenter à la présidentielle de 2026.