Coronavirus : en Italie, le Premier ministre entendu par la justice

La procureure de Bergame a auditionné Giuseppe Conte dans le cadre d’une enquête sur d’éventuels retards pris en mars face à l’épidémie.

 Le gouvernement central et les dirigeants de la Lombardie se rejettent la responsabilité sur ce sujet.
Le gouvernement central et les dirigeants de la Lombardie se rejettent la responsabilité sur ce sujet. Reuters/Alberto Lingria

    Mercredi soir, Giuseppe Conte assurait qu'il n'était « pas du tout inquiet » et « ferait consciencieusement état […] de tous les faits » à sa « connaissance ». Le Premier ministre italien a été entendu pendant près de trois heures vendredi par un magistrat sur la gestion de la crise du coronavirus.

    La procureure de Bergame, Maria Cristina Rota, a auditionné le chef de gouvernement au sein même de la primature, à Rome, dans le cadre d'une enquête sur d'éventuels retards pris en mars dans la création de « zones rouges » dans deux communes du nord du pays, alors que l'épidémie explosait.

    La magistrate et son équipe, arrivées à la primature en début de matinée devant les caméras des journalistes, devaient également entendre les ministres de la Santé, Roberto Speranza, et de l'Intérieur, Luciana Lamorgese.

    Bergame, ville martyre

    Le parquet de Bergame, ville martyre de la région de Lombardie et épicentre de l'épidémie qui a frappé l'Italie de début février à mai et fait plus de 34 000 morts, mène plusieurs enquêtes distinctes liées à cette tragédie.

    L'une d'elles défraye particulièrement la chronique ces derniers jours en Italie. Elle porte sur les retards dans la création d'une « zone rouge » comprenant deux communes de ce département, Nembro et Alzano Lombardo, particulièrement touchées par le Covid-19.

    Le gouvernement central et les dirigeants de la Lombardie se rejettent la responsabilité de ce retard, qui a eu un impact dramatique avec la saturation du système sanitaire, la hausse de la mortalité et la progression du nouveau coronavirus dans cette région.

    Dans le cadre de cette enquête, Silvio Brusaferro, président de l'Institut supérieur de la santé (ISS) italien, qui a conseillé le gouvernement dans la gestion de la crise, a été entendu mercredi soir par les magistrats de Bergame, mais rien n'a filtré sur cette audition.

    VIDÉO. Quand Bergame comptait ses morts

    Le président de la Lombardie, Attilio Fontana, et son responsable régional de la Santé, Giulio Gallera, avaient eux étaient auditionnés fin mai, affirmant que la décision d'établir la « zone rouge » revenait au gouvernement à Rome.

    Pour le ministre des Affaires régionales, Francesco Boccia, la région aurait pu d'elle-même instaurer ces mêmes « zones rouges », la loi l'autorisant. Toute la question porte sur qui, du gouvernement central ou de la Lombardie, aurait dû, entre le 3 et le 9 mars, prendre cette décision.

    Finalement, Giuseppe Conte avait fini par choisir de faire du pays entier une « zone rouge », par un décret signé le 7 mars et entré en vigueur le surlendemain.