Empoisonnement de Navalny : les Etats-Unis accusent et sanctionnent Moscou

C’est la première fois depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche que des sanctions sont prises contre la Russie. Les renseignement américains estiment Moscou responsable de l’empoisonnement de l’opposant russe.

Alexeï Navalny aurait été empoisonné par le FSB, selon les renseignements américains.
Alexeï Navalny aurait été empoisonné par le FSB, selon les renseignements américains.

    Pour les renseignements américains, il n’y a plus de doute : c’est Moscou, par l’intermédiaire de ses services secrets, qui est responsable de l’empoisonnement de l’opposant Alexeï Navalny. Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l’encontre de sept hauts responsables russes, réitérant pour l’occasion son « appel à une libération immédiate et sans conditions » de l’opposant russe.

    Il s’agit des premières sanctions contre la Russie annoncées par Joe Biden qui, depuis son arrivée au pouvoir le 20 janvier, a adopté un ton beaucoup plus ferme à l’égard du Kremlin que Donald Trump. A Bruxelles, il y a une semaine, les Etats membres de l’Union européenne avaient de leur côté officialisé des sanctions contre quatre hauts fonctionnaires russes impliqués dans les procédures judiciaires engagées contre Alexeï Navalny, et dans la répression menée contre ses partisans.

    « Un signal clair » envoyé à Moscou

    « L’utilisation d’armes chimiques par le Kremlin pour faire taire un opposant politique et intimider les autres démontre son mépris flagrant pour les normes internationales », a déclaré la secrétaire au Trésor, Janet Yellen. Les sanctions ont été prises « en concertation étroite avec nos partenaires de l’UE » et sont « un signal clair » envoyé à Moscou, a indiqué un responsable américain sous couvert d’anonymat. « Nous ne cherchons ni une remise à plat, ni une escalade », a souligné cette source, soulignant que les Etats-Unis n’hésiteraient pas à faire preuve de fermeté à chaque fois qu’ils l’estimeront nécessaire.

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    Les sanctions, qui visent en particulier Alexander Bortnikov, patron des puissants services de sécurité russes (FSB), prévoient notamment, pour les personnes visées, un gel de leurs avoirs aux Etats-Unis.

    La Russie compte répliquer

    « La communauté du renseignement (NDLR : américain) estime avec un haut degré de confiance que des responsables des services de sécurité russes (FSB) ont utilisé un agent innervant connu sous le nom de Novitchok pour empoisonner le leader de l’opposition russe Alexeï Navalny le 20 août 2020 », a indiqué un responsable. Des experts des Nations unies ont réclamé lundi une enquête internationale sur l’empoisonnement de l’opposant.

    Quelques heures avant cette annonce américaine, qui fait suite à la décision de l’Union européenne, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait assuré que Moscou répondrait aux sanctions occidentales. « Personne n’a annulé les règles de la diplomatie et une de ces règles est le principe de réciprocité », a-t-il affirmé.

    Le camp Navalny veut aller plus loin

    Léonid Volkov, qui dirige la campagne politique d’Alexeï Navalny en Russie, a réclamé mardi aux gouvernements d’aller plus loin. Volkov considère que « ce qui ferait vraiment l’effet de levier contre Poutine serait de sanctionner le cercle étroit de ses oligarques ». Selon Léonid Volkov, des personnalités proches de Vladimir Poutine, mais qui ne figurent pas sur la liste des sanctions européennes, « se sentiront certainement très vulnérables ».

    Alexeï Navalny est visé par de multiples procédures judiciaires depuis son retour en Russie après cinq mois de convalescence en Allemagne, où il se remettait de son empoisonnement. L’opposant est arrivé dimanche dans une colonie pénitentiaire à 200 kilomètres à l’est de Moscou pour y purger une peine de deux ans et demi de prison, que lui et ses soutiens dénoncent comme politique.