Etats-Unis : Comey juge «dérangeantes» les demandes de Trump sur l'enquête russe

L'ancien patron du FBI était interrogé ce jeudi après-midi par une commission parlementaire sur les pressions qu'aurait exercé sur lui Donald Trump dans l'enquête sur les relations entre l'équipe de campagne du milliardaire et des responsables russes.

L'ex-patron du FBI, James Comey, lors de son audition devant une commission parlementaire du Sénat américain.
L'ex-patron du FBI, James Comey, lors de son audition devant une commission parlementaire du Sénat américain. (AFP/Mandel Ngan)

    Donald Trump sur le grill. L'ex-patron du FBI, James Comey, a été entendu ce jeudi après-midi par une commission parlementaire du Sénat américain sur les liens entre l'équipe Trump et des responsables russes, ainsi que sur les pressions qu'aurait exercé le président des Etats-Unis à propos de l'enquête menée par le Bureau fédéral d'investigation. Après une audition publique et retransmise par les chaînes de télévision américaine, les protagonistes vont se réunir à huis-clos pour discuter des points portant sur des informations classifiées.

    Comey, qui a été limogé par Donald Trump début mai, a débuté son allocution en accusant le gouvernement de l'avoir «diffamé, d'avoir diffamé le FBI et son personnel, en déclarant que l'agence était au bord du gouffre». Il a également déclaré avoir eu des entrevues «dérangeantes» avec le président Trump. Il a néanmoins répondu «non» à la question : «Le président vous a-t-il formellement demandé d'arrêter l'enquête?»

    «Je savais que j'en aurai besoin pour me défendre et défendre le FBI»

    L'ancien patron du FBI s'est ensuite expliqué sur les notes prises pendant ces entretiens, dès le mois de janvier, alors que Donald Trump n'était pas encore investi à la Maison-Blanche. «J'étais seul avec le président élu, a-t-il déclaré. J'étais inquiet, il pouvait me mentir en privé, alors j'ai pensé que je devais prendre des notes de matière très détaillée. Je l'ai fait après chacune de ces conversations. Je savais qu'un jour j'aurais besoin de ces notes pour me défendre, pour défendre du FBI et nos enquêtes. Je n'ai pas eu l'impression de devoir agir de même avec les présidents Bush et Obama.»

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    Comey a également souligné qu'à plusieurs reprises, Donald Trump lui avait demandé s'il comptait rester à la tête du FBI et que d'autres seraient très intéressés par son poste. «Mon impression à ce moment-là est qu'il m'avait jusqu'ici demandé de rester sans obtenir de moi la contrepartie qu'il attendait. (...) Lors d'un autre dîner, il m'a parlé de nouveau de mon travail et je me suis demandé : 'est-ce qu'il essaye de me demander quelque-chose ?'».

    Il a ensuite été interrogé sur l'entrevue avec Donald Trump et le ministre de la Justice Jeff Session, le 14 février, au lendemain de la démission de Michael Flynn, soupçonné d'avoir menti sur ses liens avec des responsables russes. Au cours de cet entretien, le président américain a demandé à son ministre, qui est le supérieur hiérarchique du directeur du FBI, de quitter la pièce. «A ce moment, j'ai eu l'impression qu'il allait se passer quelque-chose de grave. C'était très troublant.»

    «Peut-être que quelqu'un de plus fort que moi aurait-il protesté»

    Donald Trump lui avait alors dit qu'il «espérait que le FBI pourrait abandonner» l'enquête sur Flynn, qui est «un bon gars». «Je l'ai interprété comme une instruction, a déclaré Comey. «Il est le président des Etats-Unis, seul avec moi, il dit qu'il espère ceci, je l'ai interprété comme une demande de sa part». L'ex-patron du FBI reconnaît un moment de faiblesse. «J'étais tellement bouleversé par cette conversation que je l'ai seulement absorbé. J'avais vu les tweets (ndlr, de Donald Trump sur l'affaire Flynn), j'ai choisi mes mots avec soin et j'ai dit : 'je suis d'accord, c'est un bon gars'. Peut-être que quelqu'un de plus fort que moi aurait-il protesté.»

    S'il s'est toujours gardé d'accuser le président Trump d'obstruction, James Comey a commenté d'autres phrases «troublantes» de la part du président, notamment lorsque celui-ci lui a demandé, le 11 avril, «d'écarter ce nuage» que représentait alors pour lui l'enquête du FBI. «J'ai pensé qu'il était gêné par cette investigation dans son ensemble, qui lui prenait beaucoup de temps et d'énergie et l'empêchait de se concentrer sur d'autres priorité.»

    Donald Trump, lui, n'a pas répondu directement aux déclarations de l'ancien patron du FBI. Il s'est néanmoins permis un commentaire lors d'une allocution devant des maires et gouverneurs : «Nous allons nous battre et gagner».