Face à l’urgence en Ukraine, l’Europe réagit… à son rythme

Lors du sommet européen, les Vingt-Sept se sont mis d’accord pour aider Kiev « aussi intensément que nécessaire ». Les revenus dégagés par les avoirs russes gelés en Europe seront utilisés pour notamment financer des équipements militaires.

Bruxelles (Belgique), le 22 mars. La Commission européenne, présidée par Ursula von der Leyen, a annoncé que l'UE entendait utiliser les avoirs russes gelés pour envoyer 3 milliards d'euros par an à l'Ukraine. AFP/Kenzo Tribouillard
Bruxelles (Belgique), le 22 mars. La Commission européenne, présidée par Ursula von der Leyen, a annoncé que l'UE entendait utiliser les avoirs russes gelés pour envoyer 3 milliards d'euros par an à l'Ukraine. AFP/Kenzo Tribouillard

    « Compte tenu de l’urgence de la situation », les Vingt-Sept ne s’engagent désormais plus seulement à soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra », mais également « aussi intensément que nécessaire ». Nuance. Ces quatre petits mots, ajoutés aux conclusions des dirigeants des pays de l’Union européenne (UE), réunis en fin de semaine à Bruxelles (Belgique), visent à prendre en compte la volonté d’Emmanuel Macron de ne pas exclure l’envoi de troupes sur le terrain. Une expression floue qui témoigne tant de l’impossibilité pour l’Europe d’ignorer le changement de posture stratégique de sa principale puissance militaire, que du malaise que cette idée continue de susciter chez bon nombre des partenaires de la France, l’Allemagne en tête.

    Pour autant, on ne peut pas dire que l’appel au « sursaut » du chef de l’État face à la Russie de Vladimir Poutine n’ait eu aucune prise sur ses homologues. Livraison de munitions, aide financière… À Bruxelles, l’UE a acté certaines avancées importantes. À l’ouverture de leur réunion, une intervention à distance de Volodymyr Zelensky aux accents de cri d’alerte avait ajouté à la forte pression pesant actuellement sur les épaules des Européens : « S’il y a assez de soutien pour l’Ukraine » cela découragera Poutine, « cette personne folle, d’ordonner l’expansion de l’agression à d’autres pays européens », a fait valoir le président ukrainien. « Cependant, l’utilisation de l’artillerie (…) par nos soldats est humiliante pour l’Europe, car l’Europe peut fournir davantage », a-t-il estimé. « Humiliante », dans la mesure où les pénuries ukrainiennes de munitions, particulièrement d’obus d’artillerie, menacent la stabilité de la ligne de front.