Iran : l’élection de Massoud Pezeshkian comme président entérinée par l’ayatollah Ali Khamenei

Massoud Pezeshkian, vainqueur de l’élection présidentielle début juillet à la suite de la mort d’Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère, doit prêter serment le 30 juillet devant le parlement. Il veut « sortir l’Iran de l’isolement », malgré les pouvoirs limités du président iranien.

Le guide suprême iranien l'ayatollah Ali Khamenei (gauche) et le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian (droite), à Téhéran, le 28 juillet 2024. Reuters/Handout/West Asia News Agency
Le guide suprême iranien l'ayatollah Ali Khamenei (gauche) et le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian (droite), à Téhéran, le 28 juillet 2024. Reuters/Handout/West Asia News Agency

    Il va bien devenir le neuvième président de la République islamique d’Iran. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a entériné ce dimanche l’élection du réformateur Massoud Pezeshkian. « J’approuve l’élection (du) sage, honnête, populaire et érudit Massoud Pezeshkian, et je le nomme président de la République islamique d’Iran », a déclaré Ali Khamenei dans un message lu par son directeur de bureau.

    Élu au second tour de la présidentielle le 5 juillet, Massoud Pezeshkian, 69 ans doit prêter serment ce mardi devant le Parlement pour débuter un mandat de quatre ans. Il va succéder à Ebrahim Raïssi, mort dans un accident d’hélicoptère en mai. De hauts responsables iraniens et des diplomates étrangers ont assisté dimanche à la cérémonie d’investiture, retransmise par la télévision d’État.

    « Les pays européens ne nous ont pas bien traités »

    Massoud Pezeshkian avait remporté le second tour de l’élection présidentielle contre l’ultraconservateur Saeed Jalili, avec 53,6 % de voix contre 44,3 %, sur environ 30 millions de suffrages exprimés. Saeed Jalili et l’ancien président modéré Hassan Rohani qui avait soutenu sa candidature aux côtés de la principale coalition des réformateurs en Iran, ont assisté à la cérémonie de dimanche.

    Lors de la cérémonie, l’ayatollah Khamenei a indiqué que « la priorité dans la politique étrangère » reste les pays voisins de l’Iran. « Une autre priorité concerne les pays qui nous ont soutenus pendant les pressions de ces dernières années », a-t-il ajouté, allusion à la Russie et la Chine. « Les pays européens ne nous ont pas bien traités ces dernières années, (notamment en lançant) de fausses accusations telles que les (violations des) droits de l’homme », a regretté Ali Khamenei. « S’ils ne nous traitent pas aussi mal, les Européens, eux aussi, font partie de nos priorités », a-t-il ajouté.



    Massoud Pezeshkian a remercié le guide suprême et le peuple iranien, en s’engageant à porter le « lourd fardeau » de la présidence. Après l’événement, le président par intérim Mohammad Mokhber a transmis les responsabilités officielles de la présidence à Massoud Pezeshkian.

    Appelé le « docteur » par beaucoup d’Iraniens, Massoud Pezeshkian est en faveur de « relations constructives » avec les États-Unis, ennemi de l’Iran, et les pays européens pour sortir le pays de son « isolement ». Mais le président en Iran a des pouvoirs restreints : il est chargé d’appliquer, à la tête du gouvernement, les grandes lignes politiques fixées par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, chef de l’État et ultime décideur sur les dossiers stratégiques.

    Pezeshkian veut « sortir l’Iran de son isolement »

    Les élections iraniennes se sont déroulées dans un contexte de tensions régionales accrues, au moment où la République islamique, poids lourd du Moyen-Orient, est au cœur de plusieurs crises géopolitiques, de la guerre à Gaza au dossier nucléaire, dans lesquelles elle s’oppose aux Occidentaux.

    Massoud Pezeshkian a promis de négocier avec Washington pour relancer les pourparlers sur le nucléaire iranien, au point mort depuis le retrait américain en 2018 d’un accord international conclu en 2015. Lors de la campagne électorale, il avait promis de « sortir l’Iran de son isolement » en établissant des « relations constructives » avec le monde notamment les pays européens.



    Nul n’aurait parié cependant sur ce député de Tabriz (nord-ouest), lorsque sa candidature a été validée avec cinq autres candidats, tous conservateurs, pour cette présidentielle avancée en raison du décès accidentel du président Ebrahim Raïssi. Massoud Pezeshkian n’est, en effet, pas l’une des figures de proue des camps réformateur et modéré, qui ont nettement perdu en influence face aux conservateurs ces dernières années.

    Ce chirurgien de profession a une expérience gouvernementale limitée qui se résume à un poste de ministre de la Santé de 2001 à 2005 dans le gouvernement réformateur de Mohammad Khatami. Père de famille, il a élevé seul trois enfants après la mort de son épouse et d’un autre enfant dans un accident de voiture en 1993 et se présente comme la « voix des sans-voix ». Il a promis d’œuvrer pour améliorer les conditions de vie des plus défavorisés.