Iran : les otages français Benjamin Brière et Bernard Phelan sont rentrés en France

Le Quai d’Orsay a annoncé ce vendredi la libération des deux hommes, détenus en Iran depuis trois ans pour le premier, sept mois pour le second.

    C’est la fin d’un long calvaire. Les otages français Benjamin Brière et Bernard Phelan ont été libérés par l’Iran, a annoncé ce vendredi le ministère des Affaires étrangères. Les deux hommes ont atterri à l’aéroport du Bourget ce vendredi, vers 19h40. Selon un communiqué du Quai d’Orsay, ils ont bénéficié d’une prise en charge médicale immédiate dès leur libération.

    Benjamin Brière était détenu en Iran depuis plus de trois ans et le Franco-irlandais Bernard Phelan depuis plus de sept mois. Ils sont attendus à l’aéroport parisien du Bourget en fin de journée. « C’est un immense soulagement après un combat aussi long et compte tenu de son état physique et pyschologique », a déclaré Blandine Brière, après la libération de son frère. « On évite un drame. Je n’ai pas de mot pour décrire la joie ressentie », a-t-elle ajouté par téléphone, soulignant que c’était « la fin d’une terrible épreuve ».

    « Libres, enfin. Benjamin Brière et Bernard Phelan vont retrouver leurs proches. C’est un soulagement. Je salue leur libération. Merci à tous ceux qui ont œuvré à cette issue », s’est réjoui le président de la République, Emmanuel Macron. La France continuera « à agir pour le retour de nos compatriotes encore détenus en Iran », avait-il indiqué plus tôt dans la journée.

    La Première ministre, Élisabeth Borne, parle d’une « très bonne nouvelle ». « Ces deux personnes sont en bonne santé. Je voudrais avoir aussi une pensée pour les quatre qui sont toujours en Iran. Nous allons poursuivre notre action diplomatique pour qu’elles soient aussi libérées », a-t-elle confié sur BFMTV.

    Lors d’un échange avec son homologue iranien Hossein Amir Abdollahian, la cheffe de la diplomatie française a « rappelé la détermination de la France pour que les autres citoyens français encore retenus en Iran retrouvent eux aussi leur pleine liberté rapidement et bénéficient de leur droit à la protection consulaire ». Dans un communiqué, Catherine Colonna précise que Benjamin Brière et Bernard Phelan « ont bénéficié d’une prise en charge médicale dès leur sortie de prison ». Elle se « réjouit qu’ils puissent retrouver prochainement leurs proches à Paris ».

    Contacté par Le Parisien, Maître Philippe Valent, l’avocat de Benjamin Brière, fait part de son « soulagement immense pour cette libération, aboutissement d un parcours complexe. Nous attendons que Benjamin et Bernard foulent enfin le sol français pour être pleinement rassurés. Benjamin va devoir se reconstruire et se réparer. Nos pensées vont aussi aux autres malheureux encore retenus en Iran ».

    Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, s’est par ailleurs dit « soulagé » de la libération de Bernard Phelan. Il « a été libéré de prison en Iran et est maintenant sur le chemin du retour vers sa famille. Les sept derniers mois ont constitué une épreuve très difficile pour Bernard et sa famille et je suis heureux et soulagé qu’elle soit maintenant terminée ».

    « Des photographies de zones interdites »

    Benjamin Brière, âgé de 38 ans, a été arrêté en mai 2020 pour avoir pris « des photographies de zones interdites » avec un drone de loisir, dans un parc naturel, avant d’être condamné à huit ans de prison pour espionnage. Il était détenu dans la prison de Valikabad, à Mashhad (nord-est). « Benjamin Brière a toujours nié avec vigueur l’absurdité des accusations à son encontre, il n’est ni un espion, ni une menace pour la sécurité intérieure iranienne et ne l’a jamais été », assurait son Me Valent au Parisien, il y a plusieurs mois. Le jeune touriste avait été acquitté en appel par la justice iranienne le 15 février, mais il avait toujours l’interdiction de quitter l’établissement pénitentiaire.

    Bernard Phelan, 64 ans, était lui aussi détenu dans cette prison. Alors qu’il était en voyage d’études dans le cadre de ses activités de consultant pour un tour-opérateur, il avait été arrêté quelques jours après le début des manifestations qui ont éclaté après la mort de Mahsa Amini, une étudiante arrêtée par la police des mœurs. Ce Franco-irlandais a été reconnu coupable de « fournir des informations à un pays ennemi ».



    Les autorités l’accusent notamment de dissémination de propagande anti-régime. Elles lui reprochent aussi d’avoir pris en photo des membres des services de sécurité. Des accusations que l’homme a toujours contestées.

    Quatre ressortissants français restent détenus en Iran, dont Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés le 7 mai 2022, « lors d’un séjour touristique », selon leurs proches, ainsi qu’un consultant de 35 ans, Louis Arnaud, arrêté le 28 septembre à Téhéran, la capitale, alors qu’il visitait le pays. L’identité d’un autre Français détenu n’a jamais été rendue publique.

    Des « otages d’État »

    La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, arrêtée en juin 2019 puis condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, a quant à elle été libérée le 10 février mais elle ne peut pour l’heure quitter le territoire iranien.

    Depuis des mois, Paris dénonce sans relâche des détentions qu’il juge arbitraires, employant même le terme d’« otages d’État ». Comme la France, d’autres pays européens et des défenseurs des droits humains accusent Téhéran de détenir des dizaines d’étrangers sous des prétextes fallacieux dans une stratégie de prise d’otages pour arracher des concessions à l’Occident. Mais face à un régime qui multiplie les emprisonnements et les condamnations à mort, la marge de manœuvre pour libérer les Occidentaux s’est fortement réduite.