Attaques du 7 octobre : viols en réunion, agressions devant des proches… ce que révèle un rapport sur les violences sexuelles

L’Association des centres d’aide aux victimes de viols en Israël (ARCCI) a publié un premier rapport quatre mois et demi après les attaques qui ont touché Israël. Il évoque de multiples cas de violences sexuelles déjà observés par le passé dans d’autres conflits armés.

Le document de l’ARCCI confirme que de multiples viols et agressions sexuelles ont été commis, de même que des mutilations de corps et de cadavres. Icon sport/Ilia Yefimovich/dpa
Le document de l’ARCCI confirme que de multiples viols et agressions sexuelles ont été commis, de même que des mutilations de corps et de cadavres. Icon sport/Ilia Yefimovich/dpa

    Il s’agit du premier rapport publié par une organisation spécialisée sur ces questions. L’Association des centres d’aide aux victimes de viols en Israël (ARCCI) a publié ce mercredi 21 février un rapport de 39 pages à destination de l’ONU sur les violences sexuelles commises lors des attaques du 7 octobre.

    Afin de rédiger sa synthèse, l’ARCCI a compilé les rapports des sources gouvernementales, les enquêtes de presse, les témoignages des secouristes sur place, ainsi les récits des professionnels et des victimes qu’elle a pu entendre via sa ligne d’écoute. Elle est parvenue au constat que des violences sexuelles ont été « perpétrées de manière systématique » le 7 octobre, et en captivité pour les otages.

    Des mutilations génitales intentionnelles

    Les témoignages publiés par les enquêteurs israéliens et ceux de rescapés avaient d’ores et déjà permis un large aperçu de l’ampleur de ces crimes commis sur les femmes, que ce soit au festival Nova ou dans les kibboutz.



    Le document de l’ARCCI confirme également que de multiples viols et agressions sexuelles ont été commis, de même que des mutilations de corps et de cadavres. L’association évoque des mutilations génitales intentionnelles, avec la « volonté de détruire les organes des femmes pour s’en prendre à leur dignité ».

    Des corps d’hommes et de femmes ont été ciblés de manière « systématique » au niveau des organes génitaux et des seins, que ce soit par des tirs, des coups ou des brûlures, ante et post-mortem. Plusieurs victimes de sexe féminin ont été retrouvées avec des objets insérés dans leurs organes génitaux ou leurs anus, sur les différents lieux des attaques.

    Des familles bâillonnées, forcées d’assister aux agressions de proches

    Les conclusions de cette enquête permettent également de mettre au jour de nouveaux éléments que les enquêtes menées jusqu’ici n’avaient pas permis d’attester avec certitude. Les témoins entendus par l’association attestent avec précision de la commission de viols en réunion. Trois rescapés du festival Nova affirment avoir vu respectivement 4, 5 et « 8 ou 10 » agresseurs s’en prendre à des femmes lors des viols auxquels ils ont assisté.

    Au moins cinq femmes ont été retrouvées nues, attachées par des bouts de tissu ou leurs propres vêtements à des arbres distants de « 3 à 5 m chacun » selon un secouriste intervenu sur place. L’ARCCI affirme également avoir eu accès à des documents confidentiels sur les agressions sexuelles subies par des femmes soldats.

    Dans les kibboutz, ce sont des familles tout entières qui ont été attaquées. Les récits de secouristes qui sont intervenus sur les lieux parlent de corps « attachés, bâillonnés ». La disposition des cadavres et les preuves collectées permettent de reconstituer des faits glaçants : plusieurs femmes/Israéliennes ont été violées ou agressées sexuellement alors que leur conjoint était forcé à assister à l’acte. Des cordes et des liens en plastique ont été utilisés pour les contraindre. Une femme a notamment été violée alors qu’elle était attachée à son mari.



    Deux secouristes affirment par ailleurs avoir constaté des traces de sperme sur deux corps retrouvés dans les kibboutz. L’une des victimes, au kibboutz Beeri, avait ses sous-vêtements arrachés, du sperme au niveau des organes génitaux et un couteau inséré dans le vagin.

    Des crimes répertoriés en temps de guerre

    La confrontation des faits relatés à la littérature existante sur le sujet permet de constater que les sévices perpétrés le 7 octobre ont déjà été répertoriés dans d’autres conflits par le passé. Sur la question des viols en réunion notamment, le rapport rappelle que 90 % des viols en temps de guerre sont commis par des agresseurs multiples, selon les études effectuées sur le sujet. « Le viol en réunion est utilisé par les hommes pour prouver leur masculinité et se conformer aux attentes des autres agresseurs », note la synthèse de l’ARCCI.

    Le fait de violer ou agresser sexuellement une victime devant ses proches est aussi une pratique répertoriée en temps de guerre et est considéré comme de la torture : « Cela a pour but de saper la dignité des hommes qui échouent à protéger les femmes et d’instiguer la peur, ce qui accroît l’oppression » des victimes.

    La question des sévices sexuels sur les hommes reste sans réponse pour le moment. Le rapport de l’ARCCI évoque des agressions subies par d’anciens otages selon les médecins qui ont pu les examiner, mais le sujet reste particulièrement tabou. D’après l’association, il est possible que le nombre de cas de violences sexuelles les concernant soit actuellement largement sous-estimé en raison de leur moindre propension à raconter ces faits. « En général, les hommes souffrent d’une immense honte, car les violences sexuelles sont perçues comme particulièrement humiliantes et comme une attaque à leur virilité », synthétise le texte.

    De manière générale, la violence des comportements identifiés lors des attaques du Hamas coïncide avec les éléments déjà recensés dans d’autres conflits. « En temps de guerre, les victimes sont déshumanisées et l’homme ou la femme violé ne sont pas considérés comme des êtres humains, mais plutôt comme la représentation symbolique de l’ennemi sur lequel on projette la haine et la violence », détaille l’ARCCI.

    Les mutilations génitales, brûlures et dégradations infligées aux cadavres entrent ainsi dans le cadre des violences de genre régulièrement recensées en temps de guerre, bien qu’elles soient formellement condamnées et punissables selon le droit international.