L’opposant russe Alexei Navalny présente des «traces d’empoisonnement»

L’hôpital berlinois où il a été admis a annoncé que l’issue de la maladie restait «incertaine».

 Des agents de police aux abords de l’hôpital berlinois où Alexei Navalny reçoit des traitements depuis son admission samedi.
Des agents de police aux abords de l’hôpital berlinois où Alexei Navalny reçoit des traitements depuis son admission samedi. REUTERS/Fabrizio Bensch

    L'opposant russe Alexeï Navalny, hospitalisé dans le coma à Berlin, présente des « traces d'empoisonnement », a annoncé lundi l'hôpital berlinois de la Charité où il a été admis ce week-end après son transfert de Sibérie.

    « Les résultats cliniques indiquent une intoxication par une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase » (NDLR : une famille dont les agents toxiques Novitchok, prisés par les services secrets russes, font partie), a-t-il indiqué dans un communiqué. Le poison spécifique « n'a pas encore été identifié et une nouvelle analyse de grande envergure a été lancée », prévient-il. « L'issue de la maladie reste incertaine » et des séquelles à long terme, « en particulier dans le domaine du système nerveux, ne peuvent être exclues à ce stade », ajoute l'établissement berlinois, un des plus réputés au monde.

    Traité avec des antidotes

    Alexei Navalny a été évacué samedi matin vers Berlin dans un jet privé affrété par une ONG allemande, au terme d'une journée de bras de fer entre sa famille et les médecins russes, qui ont d'abord affirmé que son état était trop instable, avant de donner leur feu vert.

    Navalny, 44 ans, « se trouve dans une unité de soins intensifs et il est toujours dans un coma artificiel », précise l'hôpital, « son état de santé est grave, mais sa vie n'est pas en danger ». L'opposant numéro un au régime de Vladimir Poutine est traité avec un antidote, assure l'hôpital.

    Les médecins berlinois ont examiné le patient « de manière approfondie ». Les médecins russes qui l'ont pris en charge en Sibérie jusqu'à samedi assuraient eux ne pas avoir trouvé de trace d'empoisonnement.

    « Il s'agit d'un patient qui de manière assez probable a été victime d'une attaque au poison », avait déclaré ce lundi matin à la presse le porte-parole du gouvernement Steffen Seibert, en justifiant dans ces circonstances la protection policière offerte à l'hôpital de Berlin à Alexei Navalny.

    « Le soupçon ne porte pas sur le fait que M. Navalny se soit empoisonné lui-même mais que quelqu'un a empoisonné M. Navalny et le gouvernement allemand prend ce soupçon très au sérieux », a fait valoir le porte-parole du gouvernement allemand. « Il n'y a pas eu d'invitation formelle (du gouvernement allemand) mais, pour des raisons humanitaires, M. Navalny a pu entrer rapidement dans le pays à la demande de sa famille », a dit Steffen Seibert.