Manifeste contre le nouvel antisémitisme : le président turc Erdogan qualifie le texte d’« abject »

Recep Tayyip Erdogan s’en prend aux 300 signataires de la tribune publiée dans Le Parisien. Cette semaine, un de ses ministres les avait assimilés à... Daech.

 Ankara (Turquie), le 8 mai 2018. Recep Tayyip Erdogan est actuellement en campagne pour la présidentielle anticipée de juin.
Ankara (Turquie), le 8 mai 2018. Recep Tayyip Erdogan est actuellement en campagne pour la présidentielle anticipée de juin. AFP/ADEM ALTAN

    Le président turc Recep Tayyip Erdogan a étrillé mardi les quelque 300 personnalités françaises qui ont signé le mois dernier un retentissant manifeste « contre le nouvel antisémitisme », publié dans Le Parisien, appelant notamment à rendre caducs des passages du Coran.

    « D'abord, qui êtes-vous pour prendre d'assaut ce qui nous est sacré ? », a tonné le président islamo-conservateur turc lors d'un discours à Ankara, qualifiant le texte en question d' « abject ».

    Ce manifeste dénonce un « nouvel antisémitisme » en France marqué selon ses auteurs par la « radicalisation islamiste ». Les signataires réclament notamment que « les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés de caducité par les autorités théologiques […] ». Le texte avait notamment été signé par l'ex-président Nicolas Sarkozy et trois anciens chefs de gouvernement. Il a suscité une vive polémique en France et l'indignation de nombreux musulmans.

    «Ont-ils lu leurs propres textes sacrés ? »

    « Je me pose la question : les signataires de ce manifeste ont-ils lu leurs propres textes (sacrés) ? », a lancé Recep Tayyip Erdogan. « Si c'était le cas, ils voudraient sans doute interdire le Nouveau Testament », a-t-il ajouté, sous-entendant qu'il comportait des passages antisémites.

    Les dirigeants turcs, qui font campagne en vue d'élections présidentielle et législatives anticipées le mois prochain, ont multiplié ces derniers jours les attaques contre les signataires de ce manifeste. « Ce sont les idiots, les barbares […] du XXIe siècle. C'est la version occidentale de Daech », a lâché lundi le porte-parole du gouvernement turc Bekir Bozdag sur Twitter.

    Le président turc s'emporte régulièrement contre ce qu'il qualifie d' « islamophobie rampante » en Europe, dans un contexte de relations tendues entre Ankara et les pays occidentaux, dont la France. L'an dernier, Recep Tayyip Erdogan avait accusé la Cour européenne des droits de l'Homme de mener une « croisade » contre l'islam après un arrêt autorisant une entreprise à interdire le port du voile au travail.