Trois semaines après le début de son offensive, l’Ukraine affirme contrôler 100 localités dans la région russe de Koursk

Les forces ukrainiennes ont déclenché une opération surprise dans cette région transfrontalière le 6 août dernier. Son commandant en chef assure ce mardi avoir « pris le contrôle » de près de 1 300 km2 de territoire, et capturé 594 soldats russes.

Un militaire ukrainien patrouille dans la ville de Sudzha, dans la région de Koursk, le 16 août dernier. REUTERS/Yan Dobronosov
Un militaire ukrainien patrouille dans la ville de Sudzha, dans la région de Koursk, le 16 août dernier. REUTERS/Yan Dobronosov

    Trois semaines après le début de son opération surprise, l’Ukraine continue de progresser sur le territoire russe. Kiev contrôle 100 localités et 1 294 km2 dans la région frontalière russe de Koursk, où elle a capturé 594 soldats ennemis depuis le déclenchement de son offensive le 6 août, a annoncé mardi le commandant en chef de l’armée ukrainienne.

    « À ce jour, nous avons pris le contrôle de 1 294 km2 de territoire et de 100 localités », a dit Oleksandr Syrsky durant un forum à Kiev. « Nous continuons à avancer », a-t-il assuré, cité par le journal ukrainien Kyiv Post. Par ailleurs, « 594 membres des forces armées russes ont été faits prisonniers dans cette zone », a-t-il ajouté, de manière à « reconstituer un fond d’échange » avec les forces russes.

    À la peine sur le front de l’est face à des troupes russes plus nombreuses et mieux équipées, l’Ukraine a lancé le 6 août une offensive surprise, toujours en cours, sur la région frontalière russe de Koursk, voisine de celle de Belgorod, réalisant la plus grande incursion militaire étrangère sur le sol russe depuis la Seconde Guerre mondiale. La semaine passée, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait assuré « atteindre nos objectifs » dans la région.

    Pour Kiev, il s’agit notamment de créer une « zone tampon » pour se protéger des attaques russes contre le territoire ukrainien et compenser le manque de portée des munitions mises à sa disposition par ses alliés occidentaux. Depuis le début de son opération militaire, plus de 130 000 personnes ont fui les combats et les bombardements, selon les autorités régionales.

    Cette annonce survient alors que l’Ukraine essuie pour la 2e journée consécutive des frappes russes massives sur son territoire. Ces opérations ont fait au moins quatre morts dans la nuit de lundi à mardi dans le sud-est du pays, au lendemain d’une des attaques les plus « massives » depuis le début du conflit, contre les infrastructures énergétiques. Ces bombardements ont également fait au moins quatre morts et obligé les autorités à imposer des coupures de courant d’urgence.

    Le patron de l’AIEA à la centrale de Koursk pour « évaluer » la situation

    En parallèle, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est arrivé mardi à la centrale nucléaire russe de Koursk, située à une soixantaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, pour évaluer la situation. L’agence russe du nucléaire, Rosatom, a confirmé son arrivée à une équipe de l’AFP se trouvant à Kourtchatov, ville située tout près de la centrale.

    Dans un communiqué, Rafael Grossi a affirmé lundi vouloir « évaluer de façon indépendante ce qui se passe », ajoutant que « la sécurité de toutes les centrales nucléaires » était « une question centrale » pour l’AIEA. Depuis le début de la vaste opération transfrontalière de l’Ukraine, la Russie insiste sur le risque d’une catastrophe nucléaire en cas d’attaque ukrainienne sur la centrale de Koursk.



    Le président russe Vladimir Poutine a assuré la semaine dernière que l’Ukraine avait tenté de frapper le site. L’AIEA dit avoir été informée par Moscou de la découverte de fragments de drones à une centaine de mètres d’une infrastructure de stockage de combustible usagé de la centrale de Koursk. Pour l’instant à l’arrêt, la centrale ukrainienne de Zaporijjia a, quant à elle, été la cible de frappes répétées dont la Russie et l’Ukraine se sont rejeté la responsabilité.

    Par ailleurs, la Russie a annoncé mardi l’ouverture d’une enquête visant un reporter de la chaîne allemande Deutsche Welle et une journaliste ukrainienne qui ont réalisé des reportages dans la région russe de Koursk après avoir franchi « illégalement » la frontière depuis l’Ukraine, après le début de l’offensive ukrainienne. Dans un communiqué, les services de sécurité russes (FSB) ont dit enquêter contre Nick Connolly, journaliste de la Deutsche Welle travaillant en Ukraine, et Natalia Nagornaïa, journaliste de la chaîne de télévision ukrainienne 1 + 1.

    De plus, le gouverneur de la région russe de Belgorod, frontalière de l’Ukraine et voisine de celle de Koursk, a par ailleurs dit avoir reçu des informations faisant état d’une tentative d’incursion des forces armées ukrainiennes. « Des informations affirment que l’ennemi essaye de franchir la frontière de la région de Belgorod. Selon le ministère russe de la Défense, la situation à la frontière reste difficile, mais sous contrôle », a indiqué Viatcheslav Gladkov, sur son compte Telegram.

    Selon la chaîne Telegram russe MASH, réputée proche des autorités, des militaires ukrainiens essayent d’entrer dans la région via la localité de Nekhoteevka, où des combats sont en cours.