Twitter suspend définitivement le compte de Donald Trump

Le réseau social met en avant le « risque de nouvelles incitations à la violence » après les événements au Capitole. Le président républicain est privé de son principal outil de communication.

 Lors du rassemblement pour contester la certification de l’élection de Joe Biden, quelques heures avant l’intrusion au Capitole, le 6 janvier.
Lors du rassemblement pour contester la certification de l’élection de Joe Biden, quelques heures avant l’intrusion au Capitole, le 6 janvier. REUTERS/Shannon Stapleton

    L'étau se resserre sur Donald Trump, évincé des réseaux sociaux les uns après les autres : Twitter a suspendu son compte de façon permanente vendredi, deux jours après les émeutes de ses partisans qui ont envahi le Capitole pendant plusieurs heures.

    « Après examen approfondi des tweets récents de @realDonaldTrump et du contexte actuel - notamment comment ils sont interprétés […] - nous avons suspendu le compte indéfiniment à cause du risque de nouvelles incitations à la violence » de la part du président américain sortant, a expliqué l'entreprise dans un communiqué.

    Jeudi, Facebook et d'autres services comme Snapchat ou Twitch ont aussi suspendu le profil du locataire de la Maison Blanche pour une durée indéterminée.

    « Nous ne serons pas réduits au silence »

    Mais avec plus de 88 millions d'abonnés, Twitter est la plateforme de prédilection de Donald Trump, celle qui lui sert à faire des annonces politiques, fulminer contre les médias ou insulter ses adversaires au quotidien.

    « Nous ne serons pas réduits au silence », a protesté l'intéressé via le compte officiel POTUS (Président des Etats-Unis), à l'attention des « 75 millions de patriotes » qui ont voté pour lui. Il a évoqué des représailles contre le réseau qui « interdit la liberté d'expression » et le possible lancement de sa propre plateforme dans un futur proche, à travers une série de messages immédiatement retirés par Twitter.

    « Utiliser un autre compte pour éviter la suspension est contre nos règles », a expliqué un porte-parole de la société, qui va aussi prendre des mesures « pour l'imiter l'utilisation » des comptes gouvernementaux comme @POTUS et @WhiteHouse.

    Le réseau des gazouillis avait déjà escaladé les mesures de rétorsion mercredi, en supprimant plusieurs messages du chef d'Etat, au lieu de simplement les masquer avec des notes d'avertissement.

    LIRE AUSSI > Trump bloqué par Twitter, Facebook et YouTube : 5 minutes pour comprendre une décision historique

    Le républicain n'a pas cessé de contester la validité de l'élection présidentielle, et d'encourager ses fans à intervenir, enfreignant donc les règles des principales plateformes sur le respect des processus démocratiques.

    Twitter avait ensuite suspendu son compte pendant douze heures avant de le réactiver jeudi, à la surprise générale, car le président est tenu en bonne partie responsable des émeutes qui ont choqué le pays et à l'étranger.

    « Des plans pour de futures manifestations armées prolifèrent sur Twitter et ailleurs »

    « Nos règles sur l'intérêt du public existent pour permettre aux gens d'entendre directement ce que les élus et leaders politiques ont à dire », a détaillé l'entreprise californienne vendredi. « Cependant nous avons bien fait comprendre depuis des années que ces comptes n'étaient pas entièrement au-dessus de nos règles, et qu'ils ne peuvent pas utiliser Twitter pour inciter à la violence, entre autres choses. »

    Avant que son compte ne soit fermé, Donald Trump a enfin reconnu sa défaite dans un message vidéo. Puis il a déclaré qu'il n'assisterait pas, contrairement à la tradition, à la cérémonie d'investiture de son successeur, le démocrate Joe Biden.

    Selon Twitter, cette annonce est interprétée par certains de ses supporters comme la preuve de l'illégitimité des résultats électoraux, et fait de l'événement une cible parfaite pour de nouvelles émeutes.

    « Des plans pour de futures manifestations armées prolifèrent sur Twitter et ailleurs, y compris pour une deuxième attaque du Capitole le 17 janvier 2021 », relève la plateforme. Un peu plus tôt vendredi, elle avait déjà supprimé de soutiens de Donald Trump qui ont entretenu les théories du complot de la mouvance suprémaciste QAnon.