Clara Luciani, «petite lumière» de la chanson française

Elle est née dans la même ville que Zinedine Zidane et n’exclut pas un duo avec Jul. Interview de la chanteuse Clara Luciani, qui livre des ballades à la croisée de la chanson à texte et du rock.

 Clara Luciani sera en concert le 16 mai prochain au Point Ephémère. 
 Clara Luciani sera en concert le 16 mai prochain au Point Ephémère.  (Claudia Revidat)

    Arrivée à Paris à l'âge de 19 ans, Clara Luciani, dont le nom signifie « petite lumière » en Corse, commence à travailler avec La Femme avant de lancer le duo Hologram avec Maxime Sokolinski, le frère de la chanteuse Soko. La jeune femme à la voix grave collabore ensuite avec Nouvelle Vague, Raphaël ou encore Benjamin Biolay, dont elle a assuré quelques premières parties, avant de gagner le concours des Inrocks Lab et de se lancer en solo. Après un featuring avec Nekfeu sur son album «Cyborg», son premier EP « Monstre d'amour » sera disponible le 28 avril.

    Comment avez-vous commencé la musique ?

    Je n'ai même pas le souvenir d'un moment précis où j'ai commencé. Mon papa est musicien amateur et il fait beaucoup de guitare, de basse, il chante… Du coup avec ma sœur, on a toujours chanté, fait de la musique, il y avait toujours des instruments partout autour de nous à la maison. Je me souviens seulement que vers 11 ans, j'ai vendu tous mes vieux jouets et j'ai acheté une guitare électrique. C'est à partir de la que j'ai commencé à écrire des chansons.

    Vous êtes passée de l'anglais au français dans vos chansons, pourquoi ?

    Avant j'avais l'impression que je n'avais pas grand-chose à raconter, que je n'avais pas vécu assez de choses et que je n'avais pas la maturité pour le faire. En chantant en anglais, j'avais un genre de masque qui se mettait entre les textes et moi, et du coup les mots avaient moins d'importance. Quand j'ai vécu une rupture il y a deux ans, j'ai commencé à écrire en français parce que j'avais l'impression d'avoir acquis la légitimité pour. Dans mes textes il y a beaucoup d'amour, de chagrin. Aujourd'hui je m'en dégage doucement, j'écris des choses plus joyeuses et je découvre de nouveaux aspects de moi, toujours en français.

    Quel a été le déclic pour vous lancer seule ?

    C'est vraiment ce chagrin d'amour. J'ai eu l'impression que j'avais un truc un peu universel à raconter et j'avais envie de dire aux gens comment j'avais souffert et comment je m'en étais sortie. Ça m'a poussé à écrire mes chansons. J'avais beau avoir déjà travaillé avec des gens, c'était la première fois que je me disais: «C'est le projet de ma vie !». J'ai l'impression d'avoir commencé la musique véritablement avec ce projet-là. Tout ce que j'ai fait avant c'était accompagnée, là je me retrouve toute seule sur scène avec ma guitare, ce n'est vraiment pas pareil.

    Comment définissez-vous votre musique ?

    C'est entre de la chanson et du rock. Je suis très influencée par la chanson française mais j'ai aussi envie d'un truc plus rugueux que ça, que l'on entende mes influences qui sont plus rock, plus corrosives, plus hargneuses.

    Quelles sont vos influences ?

    Mes icônes suprêmes sont Nico, PJ Harvey et Patti Smith... Après ça a été des groupes que j'ai écouté, genre Sonic Youth et les Pixie. Mais à la base c'est surtout Nico, parce qu'elle a une voix grave, une espèce de poésie un peu solennelle. J'ai adoré la découvrir, ça été une petite révolution dans mon adolescence.

    Est-ce qu'il y a un modèle de carrière qui vous fait rêver ?

    Si je devais avoir une carrière rêvée ce serait celle de Patti Smith. Je suis assez touche à tout sans que je fasse très bien les choses, j'adore écrire et dessiner. Patti Smith fait des expos de photos, elle a écrit des livres … Elle ne se limite pas à être chanteuse et j'aimerais réussir à mélanger le plus possible tous les arts dans ma vie.

    Qu'est-ce que vous écoutez en ce moment ?

    J'aime beaucoup Juliette Armanet, Pépite et je continue à écouter La Femme, je trouve qu'ils ont inventé un genre.

    Est-ce qu'il y a des titres un peu honteux que vous aimez bien en ce moment ?

    J'aime bien « Sapé comme jamais » de Maître Gims mais en ce moment j'ai tout le temps en tête « Tchikita » de Jul. Ce n'est pas forcément de grandes paroles mais je trouve ça fou et hyper sonore et j'aimerais trop faire des chansons comme ça un jour.

    Avec Jul ?

    Ah bah voila, si jamais je pouvais le contacter et lui proposer pour un prochain featuring. On peut faire « Pleure, Jul, pleure » (rires). J'aimerais trop mais je ne sais pas s'il accepterait. En plus il vient de Marseille et moi aussi. Mes parents habitent juste à côté dans une ville qui s'appelle Septèmes, la ville de Zinedine Zidane.

    Est-ce que en venant de Marseille vous aviez en tête une idée préconçue de la Parisienne ?

    On a toujours une idée erronée de la Parisienne, l'idée que toutes les nanas sont avec un béret et une baguette sous le bras. La Parisienne dans ma tête, c'était un espèce de personnage de Jacques Demy alors qu'en vrai ce n'est pas exactement ça (rires). La Parisienne est née à Paris et ça c'est cool. Je ne pense pas que l'on puisse naître parisienne, c'est vraiment un truc qui se construit, une identité qui se gagne. Je crois qu'avant toute chose, c'est une figure de la femme libre, un truc qu'on nous envie au-delà de l'élégance.

    Est-ce que vous avez une icône en terme de style ? 

    A part Zaz, non franchement (rires). Ça va plus être des femmes des années 1960 genre Nico, avec son costume blanc je la trouve obsédante. J'aime bien les trucs simples et intemporels. Nico on peut encore la regarder maintenant et se dire que son style est moderne, n'a pas vieilli. C'est beau et c'est noble. J'aimerais bien regarder des photos de moi dans trente ans et ne pas me trouver trop ringarde.