A Senlis, on prend son temps pour faire face à l’obésité

Illustration. L’obésité est source de mortalité augmentée par l’intermédiaire de l’hypertension artérielle, le diabète mais aussi les complications cardiovasculaires dues à ces deux maladies.
Illustration. L’obésité est source de mortalité augmentée par l’intermédiaire de l’hypertension artérielle, le diabète mais aussi les complications cardiovasculaires dues à ces deux maladies. (LP/D.G.)

    Le constat est alarmant. Selon les derniers chiffres de l'agence régionale de santé, l'obésité touche 20% de la population picarde, contre 14,5% des Français en moyenne. Des statistiques inquiétantes qui font même de la nouvelle région des Hauts-de-France la seconde la plus concernée par le problème. Les causes sont multiples : génétique, environnement, mode de vie mais aussi facteurs socio-économiques.

    Le phénomène n'étant pas nouveau — en 2003, sans atteindre l'obésité, 57% des Picards étaient déjà en surpoids selon l'Insee — les autorités médicales picardes ont pris les choses en main en mettant en place, dès 2001, huit pôles de prévention et d'éducation thérapeutique du patient. L'un d'eux est installé au centre hospitalier de Senlis. L'avantage de cette structure est d'être composée de plusieurs spécialistes — docteur, psychologue, diététicien— qui analysent ensemble les besoins d'un patient.

    « Nous répondons à des problèmes en dehors de l'aiguë. Nous recevons les gens pour les accompagner dans leur quotidien », expose le Dr Jean-Blaise Virgitti. Car ce pôle propose un suivi sur le long terme, en opposition aux différents régimes de toutes sortes. « Prendre le temps est une notion essentielle ici, complète Amélie Mesmeur, psychologue. C'est l'intérêt de cette structure, on s'adapte à l'évolution de chaque patient. Il y a des réajustements perpétuels. »

    Chaque cas est personnalisé et les patients poussés à devenir acteurs de leur santé. En plus d'un programme adapté, des ateliers de sport sont mis en place, en fonction des goûts et de la disponibilité des patients. « Nous sommes passés à une médecine d'échanges, d'égal à égal, se félicite le Dr Sylvie Loison. Nous apportons l'expérience théorique mais c'est aux patients de la mettre en pratique. »

    Chez ces patients, une notion qui revient continuellement est celle de la peur du jugement. Un obstacle à leur traitement. « Etant obèse, je n'avais jamais fait de sport et j'avais peur du regard des autres en venant ici, confie l'une d'entre eux. J'avais tout faux. C'est un groupe soudé qui nous soutient sans jamais nous juger. On nous propose les outils, mais c'est à nous de nous en saisir. »