Blargies : il y a 100 ans, le premier Indien était enterré ici

Durant la Première Guerre mondiale, la petite commune du nord de l’Oise a accueilli de nombreux ressortissants du Commonwealth. Plusieurs dizaines sont décédées ici.

 Blargies, jeudi. Patrick Périmony, le maire, est toujours impressionné par les trajectoires de vies de ces hommes qui ont traversé la planète pour travailler ici.
Blargies, jeudi. Patrick Périmony, le maire, est toujours impressionné par les trajectoires de vies de ces hommes qui ont traversé la planète pour travailler ici. LP/E. J

    « Kai Ngin, membre du corps de main-d'œuvre Indien. 23-10-1917. » Ce sont les seules indications que l'on peut lire sur la sépulture de celui qui pourrait être le premier Indien enterré, il y a un siècle presque jour pour jour, au cimetière britannique de Blargies. En effet, ce petit village de 500 habitants est devenu, à partir de 1916, une base importante pour les hommes de Winston Churchill. Au carrefour des lignes ferroviaires qui relient Rouen (Seine-Maritime) à Lille (Nord) et Paris au Tréport (Seine-Maritime), depuis la gare d'Abancourt située tout près, Blargies va accueillir un hôpital mais surtout une immense base logistique, une prison et un stock de munitions.

    Pour décharger les wagons de trains et organiser toutes ces réserves, des dizaines de ressortissants indiens, chinois ou encore sud-africains ont travaillé ici. Au total, 238 personnes sont enterrées, aux côtés des soldats qui ont perdu la vie des suites de leurs blessures à l'hôpital de Blargies.

    45 tombes rien que pour les soldats venus d'Inde

    Derrière les soldats de la British army, les Indiens ont payé le plus lourd tribut avec 45 tombes à leurs noms ; dans le prolongement du cimetière français. « Ces hommes venaient ici pour gagner un peu d'argent ; les conditions climatiques étaient difficiles pour eux. On ne sait pas grand-chose sur eux finalement », raconte, passionné, Patrick Périmony, le maire.

    Ce qu'il sait, c'est que plusieurs sont probablement décédés lors d'un bombardement ennemi du 18 mai 1918. « Le village avait dû être évacué car on n'a pas eu de victimes. Tandis que chez les manutentionnaires, beaucoup sont enterrés le 19 mai 1918. L'explosion du stock de munitions a fait exploser les vitres à 3 km à la ronde », raconte l'élu.

    Les Britanniques viennent entretenir les lieux

    L'enseignant retraité est aussi impressionné par l'attractivité de son cimetière. Il faut dire qu'ici, au milieu des champs, des dizaines d'anonymes viennent chaque année visiter ce lieu parfaitement entretenu par la commission de gestion des cimetières des victimes de guerre du Commonwealth (CWGC). 400 jardiniers entretiennent ces cimetières en Europe de l'ouest.

    Dans le cahier des doléances, on trouve des remerciements et salutations du Canada, d'Australie, d'Angleterre… « Chaque année des Britanniques viennent entretenir les lieux, c'est magnifique », apprécie l'édile. Selon l'organisation, un seul autre cimetière du genre est recensé dans l'Oise à Fouilloy.