Coronavirus : grâce à son public, la Faïencerie de Creil offre des concerts aux soignants et aux malades

Une majorité des spectateurs ayant renoncé aux remboursements des dates annulées lors de la crise sanitaire, le théâtre prolonge cet acte solidaire avec des concerts à l’hôpital et dans des maisons de retraite.

 Creil, mardi. Le groupe Ocho Ojos a joué sous les fenêtres de l’hôpital, pour toucher les malades et toutes les personnes qui ont pris soin d’eux pendant la crise sanitaire.
Creil, mardi. Le groupe Ocho Ojos a joué sous les fenêtres de l’hôpital, pour toucher les malades et toutes les personnes qui ont pris soin d’eux pendant la crise sanitaire. LP/Julien Barbare

    « Après trois mois de galère, cela fait du bien. » Le directeur du Groupement hospitalier public du sud de l'Oise (GHPSO), Didier Saada, a le sourire ce mardi. À l'heure du changement d'équipe de la mi-journée, trois musiciens se sont installés sous les fenêtres de l'hôpital de Creil pour un concert offert aux malades, aux soignants et à l'ensemble du personnel.

    Un exemple parmi plusieurs « impromptus » qui se sont déroulés dans des maisons de retraite de la commune, ou encore aux Compagnons du Marais… « Baka » Humbert-Iskakova, violoncelliste, doit encore interpréter des Suites de Bach au foyer l'Étincelle, ce jeudi.

    Aux manettes de ce projet, la Faïencerie de Creil, qui reprend du service. « Nous avons proposé trois choix à notre public, détaille Joséphine Checco, la directrice. Un remboursement, un avoir ou renoncer à leurs billets, et 62 % des personnes contactées ont choisi cette dernière option. »

    Pour Jean-Baptiste Lecomte, ingénieur du son et intermittent du spectacle, il s’agissait du premier contrat depuis les vacances de février. LP/J.B.
    Pour Jean-Baptiste Lecomte, ingénieur du son et intermittent du spectacle, il s’agissait du premier contrat depuis les vacances de février. LP/J.B. LP/Julien Barbare

    Soit plus d'une centaine de contacts, représentant parfois des groupes de personnes, qui ont choisi d' être solidaires avec la Faïencerie. « Cela nous touche beaucoup, sourit la responsable. Et nous avons voulu prolonger cette solidarité en apportant de la musique dans des lieux qui ont été très touchés par le coronavirus. »

    Artistes et techniciens ont pu être payés pendant le confinement

    Les sommes conservées ont également « permis de payer tous les artistes et les intermittents techniques » pendant le confinement. Une bonne nouvelle pour des professionnels souvent très impactés, à l'image de Jean-Baptiste Lecomte, l'ingénieur du son aux manettes de la prestation qui a eu lieu à l'hôpital.

    « C'est mon premier job depuis les vacances de février, explique ce dernier, intermittent depuis deux ans. Le faire ici, c'est symbolique et plutôt sympa. » Le technicien se considère comme chanceux. « Travaillant régulièrement avec la Faïencerie, j'ai bénéficié du chômage partiel, c'est un gros effort qu'ils n'étaient pas obligés de faire. »

    Fabien Lippens, Matthieu Duretz et Valentin Contestin jouaient ensemble en public pour la première fois. LP/J.B.
    Fabien Lippens, Matthieu Duretz et Valentin Contestin jouaient ensemble en public pour la première fois. LP/J.B. LP/Julien Barbare

    Même satisfaction pour le groupe Ocho Ojos. « On n'a pas joué depuis longtemps, ça nous fait du bien », souffle Fabien Lippens, dans le micro de sa guitare, entre deux applaudissements. Ces trois musiciens expérimentés, inscrits au label clermontois Célébration days records, jouaient pour la première fois ensemble, en public.

    « On est content d'apporter un peu de musique aux patients et aux soignants, assure Matthieu Duretz, contrebassiste et chanteur. Et tout simplement de jouer, beaucoup de dates ayant été annulées jusqu'en septembre. » Le groupe a bénéficié d'une demi-heure, avant que débutent les consultations dans les services.

    « Ils devraient faire ça plus souvent ! »

    « C'est de la folk, avec un peu de contemplatif… Il y a aussi des influences un peu médiévales, des sonorités latines, détaille Valentin Contestin, également guitariste. C'est nouveau en fait, dur à définir ! » En tout cas, cela a plu. « J'ai plein de collègues qui voulaient acheter le cd », sourit une employée de l'hôpital.

    Une ambiance inhabituelle qui a séduit Stéphanie, venue consulter. « Je viens malheureusement assez souvent et c'est la première fois que je suis aussi bien accueillie, rigole-t-elle. Ils devraient faire ça plus souvent ! » Justement. L'hôpital a émis le souhait de s'ouvrir à la culture, quand la Faïencerie, elle, veut sortir de ses murs. Les deux devraient s'entendre.

    LP/J.B.
    LP/J.B. LP/Julien Barbare