Dyslexie, dysorthographie... dans l’Oise, des jouets en bois sur-mesure pour la «rééducation de l’écriture»

Dans son atelier installé à Rainvillers, Guillaume Leroy vient de se lancer dans la fabrication d’outils pédagogiques destinés aux enfants rencontrant des difficultés d’apprentissage. Comme une seconde vie pour celui qui a toujours été passionné par la création.

Rainvillers, jeudi. Guillaume Leroy s’est lancé au printemps dernier dans la création d' objets en bois. Il fabrique notamment du matériel destiné à des enfants rencontrant des difficultés d’apprentissage. LP/Alexis Bisson.
Rainvillers, jeudi. Guillaume Leroy s’est lancé au printemps dernier dans la création d' objets en bois. Il fabrique notamment du matériel destiné à des enfants rencontrant des difficultés d’apprentissage. LP/Alexis Bisson.

    Au départ, il aurait voulu appeler sa petite entreprise « L’atelier de Guillaume ». « Déjà pris », sourit le quadragénaire qui reçoit dans son petit pavillon de Rainvillers (Oise), près de Beauvais. Va pour « La fabrique de Guillaume », microentreprise lancée au cœur de l’été et qui s’est spécialisée dans la création de jouets en bois « rééducatifs ».

    Mais la fabrique de Guillaume, c’est aussi ce petit garage, véritable caverne d’Ali Baba du bricoleur, où le passionné conçoit de bout en bout ses créations. Ici, l’autoentrepreneur usine, découpe, perce, assemble, grave, vernit…



    C’est comme une seconde vie pour celui qui, en 2017, a dû faire une croix sur son métier d’ambulancier à la suite de sérieux problèmes de santé. Remis sur pied, le solide gaillard ne tient pas en place. « J’ai besoin que ça bouge, je tournais en rond, c’était un peu la double sentence », retrace le jeune quadragénaire.

    Lors de son bilan de compétence réalisé avec CAP emploi, il se met en tête de « faire ce qu’il aime » : travailler le bois, « créer des choses », « gérer un process »… Sa « période d’errance » va alors prendre fin après une discussion avec une amie qui entame de son côté une formation de graphothérapie.

    Pour cette discipline non réglementée, qui consiste à intervenir sur les difficultés d’écriture - notamment des enfants -, Hélène Bŕouland cherche à se doter d’un nouvel outil de travail : des tableaux dits de Mesker. Un tableau de rééducation dont l’objectif est d’aider à synchroniser les mouvements. « C’est la rééducation de l’écriture », résume l’ex ambulancier. Ses outils s’adressent ainsi à tous les « dys » : dyslexie, dysorthographies, dyscalculies - trouble d’apprentissage en mathématiques -, dyspraxie - trouble des apprentissages.



    Très vite, le projet prend forme. « J’ai commencé à réaliser quelques tableaux et puis on s’est mis à faire de la location, je me suis rendu compte que l’offre dans ce domaine était limitée, il y a une grosse carence », reprend Guillaume Leroy. En septembre, le créateur noue un partenariat avec l’Agame, une association réunissant les graphotérapeutes de France.

    « Ça me prend aux tripes surtout quand on parle d’enfants »

    En plus de ces tableaux de Mesker, dont chaque exemplaire en pin du Nord lui demande « trois à quatre jours de travail », Guillaume Leroy conçoit aussi d’autres jeux. Comme le grand huit, un outil pédagogique qui fait travailler les deux hémisphères du cerveau. Ou encore le jeu du gruyère, un jouet « vieux comme le monde » où il s’agit de tirer sur les ficelles pour orienter une bille le long d’un labyrinthe.

    « Autant d’objets que j’ai pu croiser dans mon parcours de rééducation, glisse-t-il. Ça a un écho chez moi, ça me parle. C’est aussi une façon de pouvoir continuer à aider les autres. Ça me prend aux tripes, surtout quand on parle d’enfants. »

    Bonjour les Amis. Présentation aujourd'hui de mon Jeu du Gruyère. Dimensions 30x 40cm Toujours en pin massif du...

    Posted by La Fabrique de Guillaume on Wednesday, August 25, 2021

    Pour l’heure, après six mois d’activité, l’entrepreneur travaille « de façon complètement artisanale ». Mais il compte bien apporter rapidement « un peu de technicité » à sa production. « Les premiers retours sont très bons, j’aime savoir que ce que je fais est utile. Au début, quand on lance son activité, c’est difficile de se sentir légitime. Et puis on s’aperçoit que l’on répond à un besoin, que les gens aiment ce que l’on fait… »

    Avec ces petites chaussures en bois, les enfants pourront apprendre à faire leurs lacets. LP/Alexis Bisson.
    Avec ces petites chaussures en bois, les enfants pourront apprendre à faire leurs lacets. LP/Alexis Bisson.

    Mais dans un marché « de niche », le créateur n’a d’autres choix que d’élargir son catalogue. En plus des objets de bois à but rééducatif, il propose aussi des objets de décoration qu’il peut personnaliser à la demande. « Du sur-mesure comme moi, personne ne le fait », assure Guillaume. Comme ces petites chaussures en bois sur lesquelles les plus petits pourront apprendre à faire leurs lacets.

    Désormais accompagné par la société coopérative BGE Picardie, l’autoentrepreneur s’est donné deux ans pour faire grandir sa petite entreprise. « Pouvoir en vivre tout en aidant les gens, souffle le créateur. Je suis un peu utopiste… »